par Doude le 2 octobre 2012
  • Date de Sortie
  • Genre
  • Plate-formes
  • Développeur
  • 12 juin 2012
  • Point n' Click classique
  • PC, Mac
  • Daedalic Entertainment
 

Deponia

Bubble Gunnm.

Le Point & Click, c’est un genre qui n’a pas franchement évolué en trente ans. En même temps, ça marche plutôt bien tel quel, alors pourquoi y changer quoi que ce soit ? Cette semaine, j’ai testé Deponia, un « jeu d’aventure » à l’ancienne des plus agréables. Analyse pertinente d’un mec qui n’y connaît rien.

Alors on va pas épiloguer sur le gameplay, en bon jeu d’Aventure, Deponia nous promène de tableau en tableau, il faut ramasser moult objets puis les donner aux bonnes personnes, ou les utiliser sur des mécanismes compliqués, ou résoudre des puzzles tordus, ou encore les combiner entre eux pour faire des trucs improbables avec, afin de faire avancer l’histoire. On ne change pas une formule qui marche ! Ce qui va nous pousser, nous joueurs, à nous donner tout ce mal, c’est une histoire sympa, des personnages bien barrés et des dialogues d’une délicieuse absurdité.

Euh gnuh ?

Rufus, un homme qui respire l’intelligence.

Rufus, le protagoniste, est un crétin égocentrique mono-maniaque qui n’a qu’une obsession dans la vie: quitter Deponia, la planète décharge sur laquelle un petit groupe de richards vivant dans une ville dans les nuages (Elysium) déverse toutes ses merdes et où la vie n’est pas terrible, afin de mener une existence confortable de nanti parmi les Élyséens. Cet incapable qui squatte l’appart de son ex, n’a jamais de travail, met sa communauté en danger à chaque tentative d’évasion et représente la principale source d’explosions, d’incendies et de blessures diverses dans la petite ville-décharge de Kuvaq a indubitablement beaucoup de charisme en tant que personnage principal. Allant d’échecs en déconvenues, sautant sans cesse d’un rêve débile à une utopie inaccessible, il multiplie les conneries dans ses innombrables tentatives d’échapper à la réalité. L’histoire commence au moment où Rufus met en action un énième plan d’évasion, particulièrement stupide, et arrive presque à le concrétiser. Quelques bleus et contusions plus tard, on se retrouve non seulement à devoir gérer cet abruti, mais aussi à surveiller Goal, une Élyséenne qu’il a malencontreusement fait choir sur Deponia dans son échec. Alternant comas et évanouissements consécutifs à la chute, elle ne sert à rien et sera au centre d’innombrables emmerdes. D’un point de vue pratique, cet enchaînement de situations grand-guignolesques mettant en scène des personnages résolument débiles est prétexte à des tonnes de dialogues absurdes bien marrants – et très agréablement doublés, comme il se doit. L’autre avantage, c’est que si à un point de l’aventure on se retrouve avec une allumette, un T-shirt et un perroquet, on peut en toute quiétude envisager d’assembler les trois dans un moulin à poivre géant afin de construire une presse à pin’s – il y a des chances décentes pour que ça marche.

Les puzzles et énigmes sont perchés comme il se doit mais Rufus y va toujours de son petit commentaire pour rappeler les objectifs au joueur avec plus ou moins de subtilité, mais assez intelligemment pour qu’on sache toujours où on en est, et ça c’est cool. Plus appréciable encore, vous pouvez tester toutes les combinaisons d’objets et les interactions que vous voulez, il y aura toujours une petite ligne de dialogue ou une animation qui justifiera l’échec de l’interaction ou son impossibilité. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est infiniment plus agréable que d’avoir un personnage qui répète en boucle « ça ne marchera pas ! » alors qu’à toi, joueur, ça te semblait une solution tout à fait envisageable. En plus, la plupart du temps c’est marrant !

Au banjo, comme il se doit.

Le barde vagabond nous fait un résumé de l’épisode précédent en chanson.

Si on combine cette ambiance résolument « détente et franche rigolade on s’en fout c’est pas sérieux ha-ha » à une galerie de personnages secondaires bien travaillés et à une collection de décors branlants et colorés, on a l’impression de regarder un cartoon dont on fait avancer nous-même l’histoire. Ah ben oui, c’est bien ça le but du jeu en fait, un dessin animé interactif. Comble du raffinement, la patte visuelle est d’une qualité constante tout au long de l’aventure, belle, prononcée, détaillée. Dommage que la plupart des tableaux manquent de vie. Les décors, trop souvent immobiles, gagneraient beaucoup à y aller de leurs petites animations ! De même, certaines animations « ponctuelles » et interactions manquent clairement de finition et de soin. Dommage de voir un tel décalage entre les mouvements d’un PNJ et du personnage principal, qui elles sont très fluides, par exemple. Une bande-son discrète mais bien adaptée vient compléter l’ambiance décalée de cet univers. Deponia, c’est rien que des piles de ferraille crasseuses à perte de vue, mais de la ferraille crasseuse mignonne et multicolore alors ça va.

Ça faisait un bon moment que je n’avais pas touché à un jeu d’aventure, genre que j’aime bien mais sans plus. Si c’est le style graphique qui m’a séduit de prime abord, ce sont les deux personnages principaux qui m’ont convaincu de rester.

Une suite, intitulée Chaos à Deponia, continue l’histoire de Rufus et Goal. Elle est sortie la semaine passée en Allemagne, où le jeu a été conçu, et est attendue pour la mi-novembre dans nos vertes contrées. Est-ce que ce découpage en épisodes se justifie ? Wait and see…

On aime

  • Rufus, ce crétin fini et son évolution au fil du jeu
  • Les décors
  • Les dialogues
  • Le barde-clochard qui chante l’épopée de Rufus au banjo entre chaque chapitre

On râle sur

  • La faiblesse de certaines animations
  • Les puzzles sont bordéliques

On aime


On râle sur


Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.