par Doude le 12 septembre 2013
  • Date de Sortie
  • Genre
  • Plate-formes
  • Développeur
  • Editeur
  • 19 avril 2013 sur Steam
  • Gestion de royaume et tour par tour
  • PC
  • Snowbird Games
  • Snowbird Games
 

Eador: masters of the Broken World

Eador ? Eador. Ea-dooor...

Comme c’est mignon, tous ces petits morceaux de planète qui flottent dans le vide intersidéral… Allez, venez-là, on va tout compiler pour faire un joli monde tout propre, plein de licornes et d’elfes des bois. Comment ça, c’est déjà habité ? Mais c’est pas un problème ça, on génocide les indigènes et puis c’est marre !

Attention, le jeu n’est disponible qu’en anglais. Et en Russe, puisqu’il s’agit d’une production russe mais je ne suis pas sûr que ça vous aide beaucoup plus. Nous voilà propulsés au rang de divinité assoiffée de pouvoir et d’adorateurs, ambitionnant de se construire un petit monde bien à elle en ramassant les fragments du monde d’Eador éparpillés dans l’espace. Et comme l’Histoire ne cesse de nous le prouver, les déités sont toutes des grosses flemmardes qui sont infoutues de faire quoi que ce soit sans l’aide de leurs dociles séides mortels. Du haut de notre trône d’étoiles, le job consistera à choisir un bout de Monde, y planter une forteresse, et s’en emparer par la force. Pour ce faire, on va avoir besoin de héros qui vont diriger de petites escouades de soldats sur la carte du monde, divisée en « provinces » dans lesquelles se cachent moult ressources, quêtes et combats. Difficile de ne pas penser à un Heroes of Might and Magic ou encore King’s Bounty tant les similitudes sont flagrantes, mais Eador réussit à faire valoir sa personnalité malgré tout, grâce justement à ce système de province: la carte est un grand échiquier dont chaque case est unique, de par son type (forêt, plaine, marais…), ses occupants (colonie humaine, village goblin, tribu d’insupportables centaures, hommes-lézards, tu veux quoi, y’a de tout), et ses points d’intérêts qui sont autant de prétextes à un roleplay minimaliste souvent accompagné de combats et de ressources à grappiller. Une fois la province conquise, il faudra l’explorer, y entretenir une garnison, favoriser le développement de ses habitants, pourvoir à différents événements aléatoires allant de la simple mauvaise récolte à l’ouverture de portes démoniaques accompagnées de vomissements massifs de séides du chaos sur vos terres… et oui, y’a du boulot… Jouer à Eador, c’est un peu comme babysitter un bébé kangourou hyperactif tout en essayant de remplir sa déclaration d’impôts sans oublier d’envoyer une mandale de temps en temps au sombre tocard qui essaye de voler vos cookies: assez complexe, et exigeant.

Une petite escarmouche d’outrecuidants orcs sur mes terres. Les cuistres.

J’Eador la stratégie fine

On passera énormément de temps dans des combats divers, que ce soit contre un seigneur adverse et son héros préféré ou plus couramment contre une bande d’outrecuidants brigands installés sur vos terres. Plutôt fins, ces affrontements intègrent tellement de paramètres qu’il est courant de se faire rouler dessus même avec une armée supérieure en nombre et en force. Le terrain par exemple, peut donner à vos unités un bonus de portée dans le cas d’une colline, réduire leur mouvement s’il s’agit d’un marais, offrir une couverture s’il s’agit d’un bois, ou épuiser l’endurance de quiconque le traverse dans le cas d’un désert. Et y’en a partout ! De fait, Eador encourage l’utilisation de tactiques variées et autres stratégies putassières. Regarder le puissant et onéreux paladin adverse charger ses frêles troupes, le laisser s’embourber dans un trou plein de vase, emplir son petit cœur de tristesse en tuant ses copains au poison et lui retirer ses derniers points de moral avec un petit sort, le voir fuir et gagner la bataille sans même transpirer: qu’il est bon d’être une pute ! Les 60 unités différentes du jeu offrent moult possibilités de combinaisons intéressantes, et le fait qu’elles gagnent des niveaux, ouvrant ainsi l’accès à de nouvelles capacités, vient encore complexifier l’équation.

Les fragments de Monde sont des mosaïques de paysages divers qui se promènent dans l’espace.

Eador, dîne

Un jeu également très riche en items, historiettes, et événements aléatoires. De petites phases de RP interviennent au hasard en cours de partie et peuvent, selon leur issue, vous avantager par rapport aux seigneurs adverses ou au contraire vous mettre dedans avec violence! Allez-vous brûler ce démonologue qui invoque des saloperies sur vos terres, comme l’exigent vos sujet , au risque d’énerver de sombres puissances enfouies ? L’encourager dans ses pratiques au risque de voir la population se soulever ? Dire « rien à foutre lol » et attendre la surprise ? Tout étant géré aléatoirement, on voit parfois des issues… intéressantes. Il existe aussi un système de « Karma » réputé influer sur les événements du Monde d’Eador, mais en l’absence de moyen de le quantifier, je ne saurais trop vous dire si le fait qu’une bande de trolls soit venue manger les enfants de mon village nain lundi matin est dû au fait que mon sorcier s’amuse à ranimer les cadavres de ses ennemis morts pour combler les trous dans les rangs de son armée depuis dimanche, ou juste un dé numérique qui a roulé sur « dans ton cul lol » à un moment donné. La campagne est tout simplement interminable puisqu’elle se présente comme un enchaînement de parties, par nature, très longues. C’est un peu comme jouer 50 parties de Civilization l’une après l’autre, sur des maps de plus en plus grandes et complexes. Le pire, c’est qu’entre les spécificités des mondes traversés, les composantes aléatoires et les configurations des provinces, on joue toujours d’une façon différente. Que du bon donc, si ce n’est que l’accès aux différents bâtiments constructibles, troupes et pièces d’équipement se débloquent très lentement. On doit donc se traîner pendant un bon bout de temps des armées faites de frondeurs et paysans avant de pouvoir dégainer des unités intéressantes.

Le silence Eador

Là où ça fait mal, c’est que le mode multijoueurs ne propose que des combats. Impossible de se lancer à la conquête d’une grande map avec ses amis lors de folles nuits vidéoludiques, on devra se contenter de créer un héros et son armée et de le faire affronter les troupes du joueur adverse. C’est un peu court pour un jeu aussi riche, et on a un peu fait la gueule pendant les tests.

Alors, qui vais-je envahir aujourd’hui ?

Reste tout l’enrobage cosmétique d’Eador. Niveau design, on tape dans de l’ultra-classique digne du plus plat des RPG des années 80, ce qui nous donne des mages à longue barbe grise encapuchonnés, dans leurs jolies robes flashy à motif étoilé, et des guerriers en armure étincelante coiffés d’une sublime coupe au bol et affligés d’une démarche ‘j’ai une claymore dans le cul’. Pas fou, fou d’un point de vue créativité, d’autant que les races et archétypes du jeu sont dignes d’un livre de règles Donjon et Dragons. Les décors quant à eux sont plutôt jolis, détaillés et soumis à un cycle jour/nuit constant ainsi qu’à des variations météorologiques parfaitement inutiles en terme de jeu mais qui donnent indéniablement du charme à l’ensemble. Le point négatif étant que les combats perdent en lisibilité: il y a déjà beaucoup de personnages en vrac sur l’échiquier, si en plus certains sont planqués dans de la verdure ou perdus dans un nuage de brume de passage, on ne s’en sort plus. Ajoutez à ça des effets de glow pas toujours indispensables – sérieusement, pourquoi est-ce que la dagounette de ce fermier halfelin brille-t-elle autant ? Personne n’arrivera à me faire croire qu’elle est magique bordel, c’est la créature la plus moisie du jeu qui la manie ! – ainsi que des modèles 3D de qualité variable, et vous tenez un bon exemple de direction artistique peu inspirée.

Eador: Masters of the Broken World brille donc par la richesse de ses différents niveaux de jeu: de la gestion d’empire très plaisante parce que fidèle à l’idée que l’on peut se faire d’un règne sur un monde médiéval-fantastique, en tant que seigneur dépassé par les événements qui supervise difficilement des populations qui n’ont rien à foutre de ses guerres et magouilles; et du combat complexe, tactique et riche en options stratégiques. Un bon mélange de genres, difficile et exigeant envers le joueur, pas accessible à tous mais gratifiant pour qui aura les couilles de s’y frotter.

On aime


  • Moult stratégie putassière
  • Une gestion d’empire assez opaque pour réserver des surprises
  • Des mondes très différents d'
  • une partie à l'
  • autre

On râle sur


  • Le multijoueur est tout pourri !
  • Les combats sont parfois très, très mous.

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.