par Doude le 25 juin 2013
  • Date de Sortie
  • Genre
  • Plate-formes
  • Développeur
  • Editeur
  • 7 juin 2013
  • Action / aventure / memoryfucking
  • PC, PS3, XBOX360, testé sur PC
  • DONTNOD
  • Capcom
 

Remember Me

Néo Paris, 2084. Prendre le métro est toujours aussi désagréable!

CYBERPUNK ! Voilà pour l’accroche. Un futur dystopique, la toute-puissance de la technologie et des firmes qui la maîtrisent, une interrogation sur l’avenir de l’homme, et de la place du josé moyen dans tout ça. En bonus, le thème de la mémoire et du tout-numérique. Le tout en forme d’un jeu que je ne suis pas près d’oublier.

Un futur low life / high-tech bizarrement crédible

Le café de la honte

Un café à 10€ à Paris? Mais c’est pas de la fiction ça, c’est du réalisme…

Dans un avenir pas si lointain, il sera possible de numériser la mémoire humaine. De la stocker dans des petits appareils, de l’explorer, de la copier et de l’échanger, de la diffuser par le wifi, de faire du peer-to-peer mémoriel, de la vendre, et, comme toute donnée, de la manipuler. Si sur le papier ça a l’air super cool, imaginez maintenant à quoi ressemblerait Hadopi ou ACTA dans ce futur radieux. Et quelle valeur marchande attribuer à un souvenir? Peut-on réellement construire une personnalité sur la base d’expériences fausses ou volées à d’autres? Et l’éthique dans tout ça?

A la fois passionnant et sordide, l’univers de Remember Me tourne autour de ces interrogations, bien plus proches de nous qu’on ne pourrait le croire après une lecture superficielle.

La firme MEMORIZE a le monopole de la mémoire des gens grâce aux Sensen, petits implants qui équipent la nuque de tous les habitants de Néo Paris. Face à cette méga-corporation, son influence et sa force armée, les Erroristes s’organisent autour du charismatique Edge afin de la renverser. Voilà pour le plantage de décor.

Nilin

Dans ce contexte de ‘lutte désespérée de la résistance underground de l’ombre face au tentaculaire béhémoth industriel‘, on joue une certaine Nilin, genre de hackeuse mémorielle surdouée dont la spécialité est de ‘remixer’ les souvenirs de ses victimes pour influencer leur comportement. Mais pas de pot, notre acrobate NéoParisienne a elle-même de sacré trous dans la caboche. En tout cas, elle se souvient de comment on cogne parce que Remember Me c’est avant tout des tas de combats. Le système est un peu bizarre de prime abord mais on s’y fait vite: pour espérer tomber le moindre junkie, il faut enchaîner les combos pré-établis en alternant en rythme les coups de pieds / coups de poing, les combinaisons les plus longues étant les plus gratifiantes. On les ‘construit’ dans un menu à part à partir d’un catalogue de coups aux effets divers (cogner fort, régénérer des PVs…) que l’on débloque au fil de la progression. Les combats prennent immanquablement des airs de chorégraphies où Nilin virevolte agilement d’un josé à l’autre, distribuant moult mandales et sautillant par dessus les coups. Classe. D’autant qu’on cogne à mains nues, et en talons s’il vous plait.

Je galère un peu à prendre des screenshots potables tout en martelant les touches, donc là on voit mal… mais en vrai, les combats sont super subtils.

Beaucoup de parkour aussi, de toits en rebords et de gouttières en balcons, on enchaîne les sauts impossibles. Dommage que les niveaux soient aussi linéaires et fermés: à l’exception des caches à bonus, on a très peu de possibilités d’exploration et on se contente de suivre l’itinéraire indiqué par la réalité augmentée du Sensen de Nilin. De même, la caméra est trop souvent orientée automatiquement et cible les points d’intérêt au détriment d’éléments de décor qu’on aimerait mieux voir juste parce que… ben parce que c’est super beau merde.

Mais au delà de sa maîtrise du kung-fu et de ses super-pouvoirs numérico-glitchiens (oui monsieur), Nilin est un personnage intéressant à plus d’un titre. Elle a ses convictions, ses doutes, et un beau merdier dans la tête. Un personnage très humain dont on sera reconnaissants aux développeurs de ne pas le faire verser dans le mélodramatique, ni dans l’érotisation gratuite (grand débat que la place de la femme dans les jeux vidéo, que l’on esquivera gracieusement ici, merci, merci). Bref, elle est cool Nilin.

Jouer au touriste dans le Paris du futur

NéoParis! Ville de lumière, de romance, riche d’une culture éternelle et joyau de… hein? Non? Ben non, plus trop en fait. Si vous connaissez un peu Paname, vous allez vous régaler à reconnaître les rues et bâtiments sur le chemin de Nilin, et surement pousser des whääät the fuuuuuck en voyant ce que les développeurs en ont fait: des gratte-ciels high-tech au milieu du vieux Paris Haussmannien, des bidonvilles dégueulasses à perte de vue et autres petites boulangeries de quartier équipées en projecteurs holographiques et androïdes domestiques. Mention spéciale aux bidonvilles quand même, qui grouillent de vie et de détails savoureux. Quoi, vous croyiez que dans le futur, la surproduction et l’omniprésence de la technologie va rehausser le niveau de vie des classes moyennes? Tut, tut. Et le fait que des robots subviennent à tous les besoins en terme de service à la personne ne va pas aider à résorber le chômage.

WUB WUB WUB DUB dans ta tête

Du foutage-sur-la-gueule des CRS, du parkour, du tourisme, tout ça mais pas que, parce que bon vu que toute la trame tourne autour de la mémoire et de ses manipulations, il faut aussi des mécaniques de jeu en corrélation avec cette thématique si particulière.

C’est mignon le futur, quand même.

Parmi les passages les plus marquants, on a les remixes mémoriels, séquences durant lesquelles Nilin va s’introduire dans la tête des gens pour trafiquer leurs souvenirs d’un certain événement comme on ferait le montage d’un film. Interagir sur des détails pour modifier la scène avec des effets ‘boule de neige’, un exercice pas toujours simple qui fait pousser des ‘ whääät the fuuuuuck’ lui aussi. Dommage qu’il y ait si peu de ces remixes dans le jeu car chacun est un moment marquant. Quant à la bande-son, puisqu’on parle de remix, haha transition, elle déchire. J’ai tendance à aborder toute forme de dubstep et autres néo-bruitismes avec autant d’enthousiasme qu’une excrétion faciale (ça veut dire que j’aime pas trop, bande de dégueulasses!) mais là, les morceaux sont parfaitement adaptés à l’ambiance de chaque scène.

Là où Remember Me brille vraiment, c’est dans sa narration et sa mise en scène. Les mécaniques de jeu, bien que variées et originales, s’assimilent assez rapidement et naturellement pour laisser la place à l’essentiel: une histoire que l’on suit scène après scène, chaque élément venant s’imbriquer dans la mosaïque pour former un film interactif qui laisse la part belle à une esthétique unique. Ouais, ça fait un peu branleur intello quand on lit ça mais j’assume. On pardonne même aux personnages leurs répliques parfois un peu forcées et la qualité inégale du doublage français (le jeu se passe à Paris merde, je veux jouer en français). La faiblesse de tout ça, c’est que le jeu est plutôt court (le Touriste en est venu à bout en moins de douze heures) et la rejouabilité, pas très intéressante. Vous pouvez toujours courir après tous les objets et bonus cachés, mais le jeu n’aura plus jamais autant de saveur que pendant le premier run.

Remember Me m’a scotché comme l’aurait fait un excellent film et je n’ai pas réussi à m’en décoller avant de l’avoir terminé – ce qui n’est pas très long, certes, mais compensé par la qualité de chaque instant et le soin apporté à rafraîchir sans cesse l’expérience du joueur. Une expérience spéciale.

On aime


  • Paris en 2084, plus belle et pourrie que jamais, mais crédible
  • Le système de combat en rythme et les combos classieux
  • Les remixes de mémoire!
  • Bonne histoire, fluff creusé, écriture intelligente, bref toute la branlette littéraire
  • La mise en scène façon film à gros budget mais pas trop
  • Le design des personnages et les parti pris graphiques de la réalité augmentée, des glitches à l'
  • écran et autres bugs d'
  • affichage

On râle sur


  • Trop court!
  • Des mécaniques parfois poussives et pas essentielles (surtout à la fin)

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.