Un test de pure curiosité pour cette petite production anglaise commencée en 2007 avec, en guest-star, le tout premier moteur de fluides dynamiques, quoi que ça veuille dire.
Vous allez dire que je vous casse les miches avec le genre Cyberpunk, mais j’y peux rien si c’est tellement cool qu’on nous le sert à toutes les sauces. Dans le genre, Hydrophobia a pour lui un pitch sympa, bien que trop chétif pour en faire un bon scénario. Jugez plutôt: ça se passe à bord du Queen of the World, super bateau du futur abritant à son bord moult laboratoires de pointe appartenant à une mégacorporation sévissant dans les nanotechnologies et qui ressemble à un bout de Dubaï monté en trimaran. Mais, comme tout un chacun le sait, les mégacorpos c’est des enfoirés qui dominent le Monde pour mieux le pourrir, du coup les gentils activistes de Greenpeace du futur prennent le rafiot d’assaut pour des motifs que l’on découvrira en progressant dans le jeu. Ces braves gens suivent les préceptes du Malthusianisme, qui disent grosso-merdo que la production de ressources de notre belle planète ne saurait suivre la croissance exponentielle de la race humaine et son insatiable appétit, condamnant l’écosystème à péricliter en même temps que notre sale race de bipèdes. La solution est simple: un génocide global, et pour ce faire, les Malthusiens veulent mettre la main sur des… trucs développés en douce dans les cales du Queen of the World. On retrouve quelques thématiques classiques du genre donc, corporations toutes-puissantes, activisme, interrogations sur l’avenir de l’humanité mais on s’en tape de tout ça puisque c’est de toute façon assez peu exploité et qu’on se rend compte bien rapidement que cette historiette n’est qu’un prétexte pour nous faire jouer une josianne dans un bateau qui coule à la seule fin de faire tourner le moteur de simulation de fluides dynamiques à tire-larigot.
Imaginez: une simulation dynamique de bière.
De l’eau donc, de l’eau à profusion, et plutôt bien foutue même si on a vu des choses plus intéressantes depuis (je pense aux fluides et différentes matières modelables de From Dust, par exemple), qui s’écoule de pièce en pièce lorsque l’on ouvre des portes, emporte les objets, éteint les flammes et caetera… de l’eau comme en vrai quoi ! Après moult séances de natations un peu décevantes à cause d’une caméra capricieuse et d’une maniabilité poussive, le jeu nous donnera – tardivement – la possibilité de « diriger » ladite eau grâce à un pouvoir spécial. Comprenez par là que vous pourrez dresser des colonnes de flotte et les diriger dans tous les sens, avec tout ce que cela ouvre comme possibilités: déplacer et projeter des objets, renverser des ennemis, les noyer… j’attendais l’apparition de cette feature avec une impatience croissante après les quelques heures de jeu nécessaires pour boucler les premiers chapitres, et là pouf. C’est tout nul ! Si c’est effectivement bien funky de soulever des colonnes d’eau, les diriger est une toute autre affaire puisqu’on déplace le bousin avec la commande de la caméra et, euh, comment dire… on voit rien, oui c’est ça, on voit rien avec cette putain de montagne de flotte devant nous qu’on essaye de diriger vers deux pauvres josés embusqués pendant que la caméra fixe le plafond ! Difficile de noyer quoi que ce soit dans ces conditions, et encore moins de projeter des objets avec précision puisqu’on ne peut avoir qu’une vague idée de la direction dans laquelle ils partiront. Trop mal foutue et trop sous-exploitée, on oubliera vite cette option, hélas.
Les mecs, on n’a pas le budget.
L’idée géniale du jeu étant évacuée, il nous reste quand même plein de petites choses sympas, matérialisation d’idées qui ‘auraient pu’ être trop mortelles si elles avaient été un poil plus développées: de la recherche et du hacking à l’aide d’un genre d’iPad aux rayons z’ixe qui nous permet de contrôler les caméras et déclencher des interactions environnementales comme inonder une pièce, électrocuter des gens ou faire péter des conduites de gaz, et beaucoup d’acrobaties qui empruntent un peu à Lara Croft et un peu à Faith (Mirror’s Edge). Finalement, la pire idée des développeurs selon moi aura été de donner un flingue à l’héroïne. Alors qu’il aurait été très intéressant de construire des niveaux en forme de puzzles demandant au joueur de trouver des façons intelligentes de se débarrasser de ses ennemis, plus forts et mieux entraînés, on se contente de tirer sur les barils de gazoil posés partout dans le bateau (logique, tout le monde sait qu’on stocke toujours des trucs explosifs en salle des moteurs et sur le pont de plaisance) avec des munitions spéciales. Ou, pire encore, de foncer sur les méchants josés en déchargeant nos cartouches de tir rapide. On s’en fout, même après s’être pris trois bastos de 9mm la vie de notre super-ingénieur remonte… trop peu nombreux, trop courts et guidés, les passages qui mettent à contribution l’environnement et les outils de hacking sont pourtant ce que j’ai trouvé de meilleur à ce jeu !
Petite déception donc pour ce jeu qui part un peu dans tous les sens sans exploiter ses meilleures pistes et tombe bien vite dans le sous-Tomb Raider sans avoir les moyens de l’égaler. Des idées super, une réalisation pas à la hauteur, la messe est dite. Bien qu’il ne s’agisse à l’origine que d’une démo pour l’Hydro Engine, ce truc qui fait de l’eau toute belle, j’en attendais un peu plus. Ses tristes performances en terme de vente auront d’ailleurs coulé le studio Dark Energy qui lui a donné naissance. Tristitude.
On aime
- La flotte, de la belle flotte partout !
- Le hacking et les caméras de surveillance
- Les phases acrobatiques
- On a le jeu pour un prix ridicule sur Steam
On râle sur
- Système de couverts foireux, mauvais feedback aux blessures, ennemis stupides, visée approximative: le combat, est en trop dans ce jeu !
- Une histoire inintéressante
- Ce foutu pouvoir de contrôle aquifère est trop mal foutu !