par Doude le 9 janvier 2013
  • Date de Sortie
  • Genre
  • Plate-formes
  • Développeur
  • Editeur
  • 11 septembre 2012
  • Point n' Click phylactérisé
  • PC, Mac
  • Daedalic Entertainment
  • Deep Silver
 

A New Beginning

la fin du Monde, encore, mais avant.

Je farme un peu les Point & Click en ce moment, ça détend. A New Beginning est très bon pour ça, on a carrément l’impression de lire une BD.

A New Beginning, c’est l’histoire d’une bande de josés qui a survécu à une apocalypse écologique et qui, en l’an 2500-quelque-chose, décide de repartir dans le passé afin de corriger les orientations malsaines de l’humanité qui a, une fois encore, réussi à transformer notre belle planète en un caillou stérile et tout sec. On sait tous que les voyages temporels, c’est mal, mais là on peut les comprendre : vivre sous terre et manger du corned beef de la dernière guerre à tous les repas, c’est pas terrible, alors quitte à risquer un paradoxe temporel, autant essayer de sauver la race humaine. On alternera entre les personnages de Fay, une hippie du futur un peu cruche, et Bent Svensonn, un triste scientifique du présent, coiffé comme un Beatle mais vieux, l’une essayant de convaincre l’autre qu’il est un élément clé de la préservation de l’environnement, l’autre n’en ayant rien à foutre parce que merde, il est à la retraite et il faut qu’il ménage son stress.

C'est-y pas meûgnon ?

A chaque cutscene sa petite planche de BD.

L’histoire n’est pas follement originale mais fait preuve de grandes qualités d’écriture et garde toujours suffisamment de questions et de points d’ombre en réserve pour garder l’intérêt du joueur éveillé sans faire dans le mélo-écolo couillon. Joueur-lecteur ai-je envie de corriger: le jeu est plutôt bavard et regorge de cutscenes sous forme de pages de BD animées ou ‘motion comics’ comme les appellent les amateurs de lecture de ce genre sur le web. Elles dynamisent intelligemment le parcours (on sait bien que les point n’ click ne sont pas franchement nerveux dans leur gameplay) tout en mettant l’action en valeur, chose que ne saurait faire la caméra statique d’un jeu qui se déroule intégralement en 2D, de tableau en tableau. Très bon donc, si ce n’est que le doublage des voix françaises est un infâme foirage et la traduction approximative a de quoi faire perdre le fil de l’histoire, un comble pour un jeu qui met autant l’accent sur la narration ! Direction les options (de Steam, pas du jeu) pour passer en Anglais ou en Allemand (ça vous fera réviser, bande de mauvais sujets) si vous ne voulez pas, comme moi, avoir envie de laisser tomber le jeu dès les six premières minutes. Si le doublage anglais ne casse pas des briques non plus, au moins il fait sens et les personnages sont dans le ton, ce qui est un réel progrès par rapport à une VF doublée par des Elcors. Vous pouvez aussi couper le son, mais ça vous priverait de la musique qui, elle, est très sympa.

J'aime celui-là en particulier. L'angle est cool. Voilà.

Les décors sont nombreux, soignés et plutôt sympas.

Détail cocasse, jouer à A New Beginning m’a donné l’impression de lire une BD Franco-Belge de l’époque du journal Tintin, du genre Ric Hochet ou Blake & Mortimer, mais avec des décors plus cools. Non, je n’étais pas né à l’époque de Tintin, mais cet espèce de rétro-futurisme désuet est absolument charmant: le design des appareils du « futur » est complètement en décalage avec l’idée que la BD ou les jeux nous en donnent aujourd’hui et on sent bien l’inspiration des années 70 dans les coupes de cheveux des personnages et le dessin de leurs façiès, par exemple. Le traitement des décors, plus détaillés, moins naïfs, contraste pas mal avec ce parti-pris et l’incrustation des personnages et de certains éléments animés est parfois étrange. Comme si on avait collé un sticker d’Achille Talon sur un paysage de Rembrandt, si vous voyez où je veux en venir en caricaturant grossièrement tel l’outrecuidant philistin que je suis. De même, l’animation des personnages est inégale, une faiblesse que j’avais déjà relevée dans Deponia. Démarche raide, mouvements saccadés s’alternent avec des animations très fuides de saut, de grimpe et autres mouvements des lèvres, c’est bizarre. Quand on sait que l’animation en général, c’est long et difficile, ça surprend de voir que plus de travail a été accordé à une pose qui sera utilisée deux fois dans tout le jeu qu’aux frames de la marche du personnage principal, qui seront utilisés toutes les 10 minutes. Grrr.

Et les énigmes dans tout ça ? Ton ‘sérieux’ oblige, elles sont d’une implacable logique et plutôt faciles, il faut l’avouer, le jeu favorisant la progression dans l’histoire plutôt que les longues périodes de ‘hummm bon, si je combine la pelle à tarte avec le palet de hockey, je pourrai activer l’ascenseur et aller chercher le ragondin pour remettre l’ordinateur en état de marche…’ ce qui n’empêche pas d’excellentes idées de puzzles. On avance donc sans trop se prendre la tête, l’écueil étant que les personnages n’ont pas toujours de plan ou d’objectif et qu’on se retrouve parfois avec un peigne, une bouteille de déodorant et une poignée de fenêtre sans trop savoir qu’en faire, ni pourquoi. La présence d’objets et d’éléments interactifs complètement inutiles nous met même sur de fausses pistes, et la difficulté ne vient plus de la recherche du comment, mais du quoi. Avoir un plan foireux, c’est bien, avoir le bon plan foireux, c’est mieux, surtout lorsqu’il ne foire pas.

Classique, sympa, bien ficelé, très mal doublé, le gros reproche que je ferai à A New Beginning, c’est sa réalisation inégale au niveau du dessin et des animations. Si on arrive à en faire abstraction, la bande-son et l’aspect BD omniprésent au service d’une bonne histoire en font un très bon moment de détente vidéoludique.

On aime


  • Les cutscenes en motion-comics
  • Le look '
  • BD à l'
  • ancienne'
  • en général
  • Une histoire bien amenée, bien mise en scène
  • Les décors finement peints
  • La Norvège

On râle sur


  • Le doublage, inqualifiable
  • La faiblesse de certaines animations

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.