Lorsqu’un film a pour seul argument marketing l’exploitation poussive du facteur sexy d’une ou plusieurs de ses actrices, on parle de film d’exploitation. Genre à part entière dans les années 70 d’après Wikipédia. Comment on appelle ça dans un jeu vidéo ?
Bonjour, je m’appelle Ayumi, et j’ai le charisme d’un âne Charentais sans chemise !
J’ai essayé pourtant, j’ai essayé très fort de ne pas laisser parler les à-priori et d’avoir sur X-Blades un regard neutre, d’avoir du feune en jouant, de profiter. Mais non, rien n’y fait, le titre reste irrémédiablement médiocre et ça m’attriste énormément. Passons rapidement sur l’héroïne, chasseuse de trésors qui part dans un temple en ruines planqué sur une île perdue, sa paire de « gunblades » ou sabres-avec-un-flingue-incorporé pompés chez Final Fantasy, sa tenue minimaliste adaptée à la chaleur torride de la jungle. Très rapidement, parce qu’en dehors de sa paire de fesses bronzées que l’on va se coltiner à l’écran pendant tout le jeu, il n’y a rien de bien intéressant chez cet ersatz de Lara Croft: une personnalité transparente et d’une niaiserie insupportable, des répliques écrites par un bout de neurone esseulé dans le vide d’une boîte crânienne déserte comme un parking de supermarché camerounais le mardi soir, un doublage d’un autre monde. Pour rigoler, j’ai essayé le jeu dans toutes les langues, et c’est pareil partout, on a l’impression que des gens ont donné une série de phrases à lire à une jeune femme prise au hasard dans la rue sans lui expliquer de quoi il était question et en lui demandant de sourire en prenant un air con. C’est véritablement insupportable de jouer avec un personnage que l’on voudrait voir mourir dans les flammes dès qu’il ouvre la bouche, vous le savez ça à quel point c’est INSUPPORTABLE ?
Ce moment où tu t’interroges sur ta motivation à jouer
On se calme. On respire, on tue un chaton pour décompresser, on reprend le pad et on passe à la partie suivante sur le plan: le gameplay. Alors dans X-Blades, il faut savoir que le jeu est découpé en espèces d’arènes, plus ou moins grandes, dans lesquelles vont spawner des vagues infinies d’ennemis. Ce n’est qu’une fois qu’un certain nombre de conditions seront remplies que la porte suivante s’ouvrira, nous permettant ainsi d’accéder à une autre arène et on recommence. Les conditions étant en général de tomber un boss, de détruire des générateurs de monstres ou de tuer une certaine quantité d’ennemis, on comprendra rapidement que le jeu est essentiellement axé sur de la baston. Du bashing non stop de monstres. Notre josiane de combat sait faire trois choses: taper avec ses gunblades, tirer avec ses gunblades, et lancer des sorts divers alimentés par une barre de « rage » qui se remplit en… tapant des monstres avec les gunblades. Simple sur le papier, c’est une autre paire de manches de l’appliquer en jeu ! Les combats qui pourraient être dynamiques se révèlent en fait lents, interminables, une véritable épreuve non pas d’habileté mais d’endurance. Le respawn permanent et instantané des créatures que l’on dégomme génère un paquet compact de merdier autour de Josiane qui se retrouve noyée dans une masse illisible de pangolins de combat. Oui, les ennemis sont des pangolins, et non moi non plus je n’ai pas compris comment ni pourquoi. En l’absence de moves d’esquive – le saut est ridiculement bas et est un véritable appel au carnage tant le personnage met de temps à redescendre sur terre sans pouvoir avancer de plus de deux mètres dans sa chute; quant aux sorts de « téléportation » ils ne nous déplacent ni assez loin ni assez vite pour nous sortir de la mêlée plus d’une paire de secondes – on peut essayer courageusement de débroussailler tout ça à coups d’épées mais leur efficacité étant ridicule, il nous faudra trouver autre chose. C’est vrai quoi, j’ai pas forcément envie de cogner vingt fois sur un troufion de base avec le même enchaînement de trois coups, j’ai mieux à faire merde ! Le mode « flingues » étant tout aussi faiblard, on spamme les sorts. Taper trois coups sur un josé pour faire monter la rage, targetter le boss, lui envoyer une boule de feu, taper trois coups sur un josé pour faire monter la rage, spammer un sort de zone pour réduire la mêlée, taper trois coups sur un josé pour faire monter la rage, envoyer une boule de feu au boss… c’est inteeeeeeeeerminable et franchement pas intéressant, sans compter que dans les environnements les plus étroits, c’est pas lisible non plus, y’a trop de choses à l’écran ! Et puis, au nom de tous les saints de l’Enfer, pourquoi est-ce que je dois me taper une cinématique façon « invocation dans un Final Fantasy » à chaque fois que je sors un coup spécial ? Pourquoi, sachant que je dois le spammer quarante fois par combat, que ça va couper l’action, et que je vais me prendre vingt coups dans le dos le temps que l’animation se termine ? N’y a-t-il donc plus aucun respect pour la race humaine ?
J’entrevois une lumière au bout de ce tunnel de médiocrité… je dois être mort.
Il faudra attendre la seconde moitié du jeu et le déblocage de certaines capacités clés pour entrevoir un début de variété dans le gameplay, lorsque les gunblades deviennent vraiment jouables et le panel de sorts assez étendu pour qu’il devienne possible de résoudre les combats avec une certaine élégance. C’est important l’élégance dans un jeu de combat non ? Ah non, c’est vrai, on parle d’un jeu dont l’héroïne ne supporte pas de porter un pantalon. Non ben continuons à jouer bourrin alors, on va appuyer sur les boutons et voir ce que ça fait et pis ça sera très bien, voilà ! Il m’aura tout de même fallu une poignée d’heures pour comprendre que le jeu n’est simplement pas fait pour être joué tel que le joueur le désire: il faut adapter l’éventail de sorts du personnage à la situation, et chaque arène a une façon bien rigide d’être traitée. X-Blades repose sur l’exploitation ad-nauseam de mécanismes qu’il faudra répéter encore et encore pour en voir le bout… quant à la difficulté, elle semble faire des bonds aléatoires dans tous les sens, et il n’est pas rare de tomber un boss avec une facilité déconcertante alors que la salle précédente n’a été passée qu’au prix d’une interminable lutte sur le fil du rasoir.
Une petite note sur les graphismes: les décors sont plutôt jolis, quoiqu’un peu répétitifs, mais ça me gêne un peu de voir un personnage qui semble sorti d’un anime s’ébattre dans des décors qui visent le réalisme. C’est juste… pas net. Y’a pas d’unité. Mais bon, on n’est pas à ça près hein. Au final, si on met de côté la surabondance d’effets pyrotechniques pendant les combats, X-Blades pourrait être intéressant à explorer, voire très agréable. Ça ne brille pas par son originalité mais c’est joli ! Hélas, ce qui est valable pour le décor ne l’est pas pour le bestiaire: peu fourni, peu original voire parfois carrément décevant (certains ennemis sont des boules qui volent de différentes couleurs, super…), il se résume à un tas de drones qui se comporteront tous de façon similaire en combat !
Allez, pour le troll, je conclus sur la musique, qui oscille entre le « plutôt sympa » durant les phases d’exploration, et le « sous-Linkin Park-des-années-2000-sur-répétitif » en passant par le « post-rock-pseudo-japonisant » qui occupe hélas l’essentiel du temps d’écoute, vu qu’on passe 90% du temps à taper sur des trucs, encore et encore et pendant tellement longtemps que la bande son a le temps de boucler une fois, deux fois, trois fois… sur les mêmes thèmes musicaux creux, encore et encore… je dois être trop vieux pour ça.
J’ai voulu écrire un article sur X-Blades en écho à celui sur Blades of Time que nous vous avons proposé il y a quelques temps, pour le troll essentiellement et ça n’a pas loupé: les deux se valent. Difficilement maniable, répétitif, peu intéressant, il n’a même pas pour lui son personnage principal qui, passé les cinq premières minutes de jeu pendant lesquelles, effectivement, c’est rigolo de reluquer son fessier maîgrichon de manga et s’émerveiller sur la physique ô combien travaillée des seins, se révèle vite insipide et aussi attachant qu’une plâtrée de riz Uncle Ben’s. Quitte à jouer la carte du sexy-puéril, pourquoi ne pas l’avoir fait jusqu’au bout et proposé un titre assumant complètement son potentiel érotique ? Mystère.
Le mot du gros conJe te l’avais bien dit !