Si vous n’avez jamais entendu un anglophone dire « film noir » 6 fois en 20 minutes, vous devriez assister à une présentation de Contrast, un jeu d’aventure qui a l’air tout à fait sympathique, mais qui, surtout, retourne du film noir !
Vous l’aurez compris à la densité de « film noir » dans cet article, Contrast est un jeu sombre avec une esthétique qui se veut proche d’un genre cinématographique qui propulse directement dans les années 20 ou 30. Le personnage principal de Contrast est une petite fille que sa maman a laissé à la maison pendant qu’elle va travailler dans un club de jazz, et donc chanter de façon sexy dans un lieu où règne luxure et viol de la prohibition.
Désirant rejoindre sa génitrice, la petite fille va errer en ville et vous l’accompagnerez sous l’identité de son amie imaginaire, une grande femme habillée en mime français sexy, enfin, plus ou moins. Et quand on est dans l’imaginaire d’une petite fille, on voit le monde par ses yeux. Je vous l’annonce, exit les stérotypes de poneys roses et de grandes fleurs, notre enfant est maniaco-dépressive et voit le monde plus noir que noir, quand elle grandira, elle lancera sûrement le mouvement des gens qui disent « Trop daaaaaaaaark ». Son monde à elle est fait d’ombres et de lumière, d’une ville surréaliste dont certains pans tombent en ruines dans l’abîme d’un spleen poussé à son paroxysme, et si on pourrait s’amuser du nombre de fois où on pensera au « film noir », il faut reconnaître que le tout rend plutôt bien sur le papier. Dans les faits, le petit studio à l’origine du jeu voit ses moyens insuffisants pour fournir des graphismes à la hauteur de la technologie actuelle (ce qui justifie certainement de s’appuyer sur la direction artistique), et l’animation des ombres, en tous cas pour l’instant, n’est pas toujours très fluide ou précise.
Le jeu en lui-même est un jeu d’aventure et de puzzles en plateformes. L’amie imaginaire est capable de passer du monde de la lumière à celui de l’ombre ce qui lui permet d’utiliser tantôt le monde physique pour se déplacer, et tantôt les ombres. De nombreux puzzles vont donc jouer sur ces deux mondes et les rares compétences qui découlent du jeu de dimensions. Le jeu avance de façon assez poétique racontant plus souvent ses histoires en utilisant, justement les ombres et les silhouettes. Un des puzzles vraiment sympathique que nous avons pu voir venait du dialogue entre un homme et une femme où il fallait traverser un précipice en grimpant sur l’ombre portée des chaussures de la femme qui permettait, quand elle bougeait, d’atteindre l’ombre d’une cigarette dans le cendrier qu’elle ramenait ensuite à sa bouche, sauter par dessus sa tête sur le chapeau que l’homme était en train de mettre, puis, passer au-dessus de ce dernier pour atteindre l’autre côté. La chose n’est pas très compliquée, elle demande de savoir s’adapter, mais donne à la chose un élan poétique appréciable.
Bref, il faudra voir ce que donnent les énigmes plus avancées du jeu, car si tout reste à un niveau de résolution simple il y a fort à parier que les habitués du genre se lassent vite, et il faudra aussi espérer qu’il ne se repose pas uniquement sur de la maîtrise de sauts et de plateformes sinon, sur Youtube, on verra sûrement beaucoup de vidéos de gens jetant leur manette de dépit. On attend donc d’en savoir plus. Et rappelez-vous, « Film Noir » !