Rôôôh mais c’est tellement choupitou ce jeu! Jerry Hazelnuth, un jeune garçon qui rêve de devenir prestidigitateur à l’âge où tout gamin qui se respecte part dans la nature pour aller attraper des pokémon, fait la connaissance d’un lapin albinos géant vêtu d’un costard en queue de pie à faire pâlir d’envie Harry Houdini et se retrouve embarqué dans la forêt de Mousewood pour y faire plein de trucs magiques. Y’a des animaux qui parlent, des carlins-fantômes et certains décors qui, ma foi, seraint pas mal du tout une fois reproduits sur une toile et encadrés dans un salon stylé (mais pas tous, hélas).
Gambader tel l’écureuil qui court après son gland dans la forêt
Pas grand chose à dire niveau gameplay, comme on a déjà eu moult fois l’occasion de le souligner, il semble très difficile de s’affranchir ou de modifier les codes du jeu ‘point n’ click’. Étrangement, on sent une volonté des développeurs de « transcender » ce genre pour le faire évoluer vers, euh… je sais pas vraiment vers quoi, en fait. The Night of the Rabbit se présente comme une grande zone, Mousewood, qu’il va nous être donné de parcourir de long en large en récupérant des items ici et là, débloquant de nouveaux endroits à visiter et aidant les personnages de l’histoire à résoudre leurs petits problèmes. Bien sûr, on est encore très loin d’un RPG mais les innombrables aller-retours, la progression de l’histoire via ce qui ressemble confusément à un système de quêtes, et jusqu’à l’instauration d’un système jour/nuit nous en rapprochent de façon troublante. Le plus ennuyeux étant de visiter toujours les mêmes zones. Certes, Mousewood est grand, assez vivant grâce aux nombreux personnages qui le peuplent et un souci poussé du détail tant dans les décors que dans les petites évolutions qui lui donnent une impression de vie mais voilà, une fois que j’en ai terminé avec une zone, que j’ai bien aidé les personnages, bien déverrouillé toutes les portes et bien ramassé tous les objets, j’aimerais éviter d’avoir à y retourner sans cesse pour attraper un item qui n’était pas là avant ou parler à un gusse qui faisait la sourde oreille jusque là.
De fait, le plus grand plaisir que j’ai pu retirer de mon voyage dans The Night of the Rabbit, c’est la découverte de nouveaux endroits. Chaque nouveau « tableau » bourré de détails et de personnages étranges, avec son thème musical propre, relance l’intérêt du jeu et donne envie d’en découvrir plus. Très soignée, la musique, d’ailleurs. Dans le genre frais et relaxant, elle se pose un peu là: on a clairement affaire à un jeu qui s’apprécie au calme, idéalement calé au pied d’un arbre, le cul dans l’herbe et le visage au frais. Même s’il n’y a pas d’oiseaux pour cuicuiter dans ledit arbre, la bande-son du jeu palliera à ce manque.
L’homme qui murmurait à l’oreille des belettes
Un jeu d’aventure, c’est surtout une histoire. Celle de Jerry sera donc prétexte à voir des paysages nombreux et variés et à parler à des gens poilus excellemment doublés (en version Anglaise en tout cas, c’est top) très bavards mais qui ont toujours des choses intéressantes à dire. La trame elle-même part dans tous les sens et on regrettera de voir des ouvertures apparaître régulièrement dans l’histoire sans jamais nous amener bien loin et être conclues à la va-vite. Pire, sous l’histoire principale se terre un sous-plot très sombre et potentiellement très intéressant dont on voit poindre des éléments, au loin, de temps en temps, sans jamais en effleurer le vrai potentiel (et ça fait chier de toujours jouer le gamin qui aide Anja la Souris à préparer des cupcakes roses pendant que ses mentors s’efforcent d’empêcher la trame des mondes de se déchirer, on se sent un peu floué).
Les énigmes découlent toujours du bon sens, ce qui est très agréable, et sont rarement blocantes pour privilégier l’avancée de l’histoire sans trop de temps morts. La principale difficulté – et source de temps morts donc – étant de guetter les changements dans la vaste map, l’apparition de personnages qui permettront de faire avancer le bousin et autres objets ‘qui n’étaient pas là avant que j’aille ramasser la betterave tout au bout de la map’.
The Night of the Rabbit souffre du syndrome du « jeu en plusieurs chapitres », à savoir un univers riche et plein de personnalité, regorgeant d’histoires mais dont on finit par perdre le fil faute d’une progression vraiment marquante (et aussi qu’à force de faire des aller-retours, on n’a plus tant que ça l’impression de progresser!) et dont on a l’impression après avoir fini le jeu qu’il en manque le début et un bout de la fin… on stagne pendant un moment et d’un coup paf, tout se débloque d’un coup dans un chapitre final passionnant mais carrément à part du reste du jeu. Bizarre, mais bienvenu. Par contre, je ferai la gueule si Daedalic nous sort une suite dans 5 mois…
Du bonus, à moi le bonus
Et à côté de tout ça, on a des ‘quêtes secondaires’, comme la recherche d’une collection de stickers cachés dans le paysage, un jeu de cache-cache pour récupérer des livres d’histoire audio ou un « où est charlie » avec un personnage trop choupitou-trognon (exercice que j’ai bien été infoutu de résoudre, je vous l’avoue honteusement). Ah oui, un jeu de cartes aussi, complètement optionnel, dans lequel on peut affronter les habitants de Mousewood dans un remix des 7 familles sympa mais vite lassant. Retrouver les 32 cartes illustrées planquées ça et là ou détenues par certains personnages est un ajout amusant, aussi.
J’en viens à me demander pour quel genre de public ce jeu a bien pu être été conçu, avec ses airs de dessin-animé « Disney collection Classique » et ses personnages niaiseux contrebalancés par des dialogues à rallonge parfois étonnamment adultes. Est-ce qu’on est supposé y jouer en famille? Ou est-ce que ça fonctionne comme un épisode de Mon Petit Poney, que le papa de 35 ans peut consommer avec sa fi-fille de 8 ans sans trop s’ennuyer? Mystère.
Moi j’ai bien aimé.
Mais pas tout
Remarque récurrente sur les jeux Daedalic, les animations des personnages manquent de finesse et ça ternit la qualité globale du jeu. La difficulté en dent de scie, et la narration qui fait de même, peuvent être un frein au fun et, par pitié, faites quelque chose pour ces personnages qui me sortent les même interminables lignes de dialogue à chaque fois que j’ai le malheur de leur présenter un nouvel item, un petit « nope, mauvaise solution » suffirait amplement!
Bilan mitigé (putain, quel cliché cet expression) pour cette Nuit du Lapin, avec d’un côté un univers génial, des personnages auxquels on a envie de faire un gros câlin, des graphismes très agréables, une bande-son délicieuse et des moments mémorables; de l’autre, une histoire qui laisse le joueur sur sa faim, des animations pas toujours top, des aller-retours chiants et un ton trop uniformément bon enfant malgré les fréquentes plongées en terrain plus « sombre ». Ça et tout le cosmétique d’achievements qui me laissent personnellement indifférent parce que faut pas se leurrer, la rejouabilité d’un point n’click n’est pas folle. En tout cas, Night of the Rabbit réunit les éléments d’un bon dessin-animé et d’un bouquin « jeunesse », en plus fatigant pour l’index.
NB: le jeu a été testé dans sa version Anglaise.
On aime
- Les meunouws!
- Les très, très beaux environnements
- Les dialogues et leur doublage
- La bande-son, riche et soignée
- L'
- univers fait de bric et de broc (bonsoir, cette expression a mille ans)
On râle sur
- Les aller-retour
- Les animations pas toujours top
- Une histoire qui fait '
- flop'
- régulièrement