Arbre de compétences monstrueux, graphismes d’une noirceur savoureuse, système d’avancement original, il ne manque qu’une chose à Path of Exile: des pantalons pour nos PJs qui ont froid aux jambes. Attention: cette review vous présente la Bêta du jeu. Bien qu’absolument jouable et presque pas buggé, il ne s’agit toujours pas d’une version définitive.
La vie est dure pour les exilés du Saint Empire de Sarn: jetés à fond de cale, on les envoie vers les froids rivages de Wraeclast où, bizarrement, leur bateau viendra invariablement s’échouer au milieu d’un tas de cadavres encore frétillants. Sorcière rescapée du bûcher, Assassin promis au billot, Templier viré pour hérésie, Bourrin condamné pour bourrinisme, Dueliste trop duelleur ou encore Ranger exilée pour avoir brûlé des cultures d’OGMs, tels seront vos choix de classe. Ces dernières ont la particularité de ne définir que votre point de départ dans le gigantesque arbre de compétences et non un parcours d’évolution prédéfinis: en effet, l’arbre en question ressemble à s’y méprendre à une carte du métro moscovite et on a vite fait de se retrouver perdu dans une station lointaine durant le processus de montée de niveau. Point par point, on se construit un personnage autour de trois caractéristiques que sont la Force, l’Intelligence et la Dextérité, d’effets spéciaux comme des résistances aux dégâts élémentaires et autres +5% de bourrinisme au corps-à-corps ou enfin de compétences passives pouvant radicalement changer la façon de jouer un personnage. Citons, en vrac, une skill supprimant la jauge de mana pour transférer le coût des sorts vers la jauge de vie, ou cette surprenante perk qui réduit nos points de vie à 1 en permanence en échange d’une immunité à un certain type de dégâts. Monter son personnage n’est, à partir de là, qu’une question de goût et de bon sens. Ou alors de plusieurs heures de réflexion intense et de savants calculs arithmétiques si vous êtes un fou de l’optimisation.
Saint Bourrin et les Cailloux Magiques
Niveau compétences actives, Path of Exile fonctionne entièrement avec des objets. Vous avez des armures (moches) et des armes (des bâtons et de la ferraille, le plus souvent) avec des slots dans lesquels vous pouvez enchâsser des gemmes de compétences. Chaque gemme correspond à une caractéristique (Force, Intelligence, Dextérité) et permet de lancer un effet moyennant mana. La seule restriction pour utiliser une gemme est d’avoir mis suffisamment de points dans la – ou plus rarement, les deux – caractéristique(s) liée(s). Et là, c’est open bar. Florian s’est par exemple amusé à donner une gemme de téléportation façon ninja à son barbare bronzé, gemme à priori plus du ressort d’un assassin ou d’un duelliste mais non, ça marche aussi: coucou jeune nécromancien facétieux, je me téléporte dans ton dos pour faire virevolter ma hache à deux mains avec la grâce et l’agilité d’un baleineau en ruth dans ton visage.
Plein de possibilités donc, d’autant qu’il existe des gemmes de soutien pouvant modifier l’effet d’autres gemmes. Oui c’est compliqué et ça peut donner des trucs du genre j’ai une capacité active qui me fait taper fort et une aura qui me fait infliger des dégâts supplémentaires de type feu mais aussi une gemme de soutien qui convertit les dégâts de feu en glace et une qui augmente les chances de geler avec des dégâts de froid donc je te tape avec du feu et te voilà gelé. Bon, dans cet exemple ça sert à rien mais ça vous donne une idée des possibilités du bousin. Ah oui, il y a aussi des modificateurs de dégâts élémentaires dans l’arbre des compétences.
Pourquoi les héros ressemblent tous à des clochards ?
Path of Exile, c’est de la dark fantasy assez crasseuse. Les exilés – c’est nous – se baladent de campements de fortune en squats dans les ruines, et se battent en ramassant ce que la mer a rapporté sur le rivage de cargaisons de navires échoués et autres pièces d’équipement rouillé trouvées dans les entrepôts à l’abandon d’une cité en ruine. Ne vous attendez pas à avoir la classe, il faudra se promener pendant un bon bout de temps avec un seau d’étain cabossé sur la tête et un moule à gaufres en cuivre attaché sur le torse avec une lanière crasseuse.
Pire encore, la majorité des armures ne recouvrent pas les jambes et on verra nos musclés ou nos bergères gambader mollet au vent dans leurs atours de bric et de broc jusqu’au niveau IMPOSSIBRU ! D’ailleurs, notre statut de SDF de l’aventure se reflète aussi dans l’économie du jeu puisque tout échange se fait non pas contre de la monnaie mais contre des matériaux de première nécessité, à savoir des fragments de parchemin ou d’orbes qui ont des effets d’amélioration sur l’équipement. Le loot est d’ailleurs légion comme dans tout hack n’ slash qui se respecte et nous permettra d’acquérir les précieux orbes auprès de PNJs vendeurs ou de troquer, à l’ancienne et sans hotel des ventes, avec d’autres joueurs. Tout cela a bien entendu une importance primordiale, puisqu’entre l’infinité de possibilités de builds de personnages et la totale randomisation des items lootés, il n’y a que peu de chances que vous tombiez justement sur le serre-tête avec renvoi de dégâts couplé à une amélioration de glace qui siéra à votre sorcière spécialiste du maniement des boucliers. Vous voulez un effet magique sur un objet ? Vous pouvez, avec un orbe, mais c’est random. Vous voulez PLUS d’effets magiques sur ce même objet ? Orbe. Random. Vous voulez changer la couleur des slots de gemme dudit objet ? Random.
Un modèle économique pour les rentabiliser tous
Path of Exile est complètement gratuit, ce qui est assez fou vu l’immensité du monde, la richesse du jeu et la putain de qualité visuelle du bousin. Les sous viennent de la boutique en ligne qui vend des trucs cosmétiques comme des effets pyrotechniques pour les armes et sorts, des armures stylés et autres pets rigolos mais jamais rien qui n’intervienne sur la puissance empirique d’un personnage – pas de pay-to-win donc, alors qu’il serait facile de monétiser sur l’aspect aléatoire des items par exemple. Un projet indépendant qui sera infiniment moins rentable que son ainé que l’on ne citera pas, mais dont on ne peut que saluer la qualité. Pas très accessible à cause de sa relative complexité et d’un certain niveau de challenge, on lui souhaite un avenir brillant dans le petit monde des Hack n’ Slash.
Et on attend surtout de voir si les développeurs continueront d’ajouter des actes et maps au fil de l’eau, parce qu’un jeu qui continue à grandir pendant sa phase de bêta, c’est quand même la classe.
Pour jouer à Path of Exile et dégommer du mobilier pour la modique somme de pas une thune, c’est par là: www.pathofexile.com