Aussi saugrenu que cela puisse paraître, je pense sincèrement que c’est cette chanson à boire qui, lors d’une soirée de beuverie particulièrement agitée a inspiré à coup d’outre bien garnie les développeurs de Capcom dans leur désir insensé de faire des légendes arthuriennes et de leurs fiers héros un beat’em all mou au gameplay aussi intéressant que celui d’une méduse qui ne serait qu’une bille infestée de dards à venin. Pas de trucs gélatineux rigolos, juste un éternel gonflement. Mais bon, on peut s’émerveiller de la perception nippone de nos héros médiévaux tout en armure et en chevalerie !
La classe à la japonaise
Vous savez comme il est facile de se moquer de certains stéréotypes forts des character design nippons ? Hé bien on nage en plein dedans ! Trois personnages à jouer : Arthur, le roi, barbu et équilibré, Lancelot (du lac), fébrile tafiole rapide aux airs efféminés, et Perceval, le plus pieu des chevaliers de la Table Ronde reconverti pour l’occasion en bourrin infâme. Détaillons un peu plus mes amis: commençons par Perceval, parce que, depuis quelques années ce chevalier s’en prend plein la gueule, notamment grâce à Alexandre Astier qui le fait passer pour un neuneu bas de plafond. Or, Perceval c’est quand même le preux chevalier qui survivra à la quête du Graal, le trouvera, et dans sa piété poursuivra les enseignements et la tradition chevaleresque, oui, rien que ça. Alors, autant j’aime bien Kaamelot, autant, ici, on a juste l’impression qu’il est une fusion entre The Rock, Seya et une hache…
On pourra ensuite continuer aisément sur Lancelot et ses longs cheveux blond-platine, son petit sabre viril et son déhanché, mais ce serait trop abuser de mauvaise foi. Le roi Arthur est, finalement, le seul qui a droit au décorum minimal de l’épée droite classique et de l’armure. Sincèrement, développeurs, les couleurs auraient suffi à les distinguer, aux dernières nouvelles ça marche toujours dans les Power Rangers…
Et tu tranches, tranches, tranches
Mais finalement, ce n’est pas ça le pire. Les beat’em all sont rarement remarquable pour leurs histoires complexes, leurs complots retors et leur gameplay fouillé, certes. Mais tout de même… Un bouton pour taper, un pour sauter et une parade inutile dans 80% des cas, bon, admettons, mais qu’il y ait au moins, je ne sais pas, des frappes différentes en fonction des mouvements effectués de concert. Non. Tu frapperas en appuyant, que dis-je, en tapotant allègrement sur ta touche en essayant tant bien que mal de toucher les hit boxes plus ou moins foireuses des ennemis et tu n’éviteras pas trop leurs coups parce que, soyons réalistes, c’est pour les petites fiottes, et même Lancelot n’en est pas là !
Quant à l’histoire… il faudra se contenter de 4 josés debout autour d’une carte qui représente le niveau avec un marqueur indiquant à quel endroit vous allez apparaître et puis marre ! De toutes façons l’histoire du roi Arthur tout le monde la connaît ! C’est trois chevaliers qui cherchent le Graal en tuant des gens de leur propre pays sans aucune raison. Non ? C’est pas ça ?
Quelque part, loin, très loin, sous une couche de crottins
Sous cette couche d’ineptie repose, vous l’aurez compris un mauvais jeu, mais l’occupation d’un après-midi pour qui serait assez con et, surtout, deux. Parce que, comme la majorité des jeux d’arcade des années 90, le jeu est jouable à deux. Et au cas où vous ne seriez pas au courant, quand on est plusieurs, les mauvais jeux prennent un funeste tournant et arrivent, parfois, à surmonter le gouffre qui les sépare des bons jeu pour offrir, au moins quelques fous rires. Pour commencer, vous pourrez vous moquer à gorge vastement déployée de votre partenaire de jeu qui, quoi qu’il fasse, se heurtera à des soucis de hit box ou réclamera à cor et à cri un plat d’œufs mayonnaise pour régénérer ses points de vie perdus. Vous pourrez espérer avoir la foi de suffisamment faire évoluer votre personnage pour voir son skin d’armure amélioré, histoire de rattraper son character design.
Vous pourrez aussi vous moquer des noms surprenants de certains ennemis comme les « fat men », ou, en français, « gros hommes », car, tout le monde le sait, l’obésité rend méchant. Mais surtout, vous pourrez commencer par élégamment noter que même le compositeur de la bande son était un facétieux maniaco-dépressif et sélectionner votre personnage sur une version à peine revisitée du Guile’s Theme de Street Fighters. Bref, si vous vous retrouvez un jour face à ce jeu, deux choix s’offrent à vous, fuir, vite, ou prendre le reste de votre journée avec ironie car finalement, rien ne pourra être fondamentalement pire. Le pauvre hère a peut-être eu quelques semblants d’heure de gloire, mais finalement, la vieillesse aura pris son dû et le rétro ne suffit pas à le relever.
On aime
- Le Guile’s Theme, dommage que ça n’appartienne pas à ce jeu
On râle sur
- La narration
- L’adaptation
- Le character design
- Les hit boxes
- La bande son
- Le gameplay