Et quand je dis Nanar, je pense bien évidemment à cette catégorie de films qui ont beau être fondamentalement mal foutus, mais dont on n’arrive pas à détacher les yeux. Resident Evil Retribution est à la hauteur (démesure, plutôt ?) de ses prédécesseurs, mais en plus gros, plus beau, plus improbable. Un film qui sent le génie à plein nez.
L’histoire : le monde va mal, le virus lâché sur le monde par l’Umbrella Corporation a transformé tout le monde en zombie ou en gros zombie, même les chiens et les hamsters, c’est la merde. On retrouve Alice là où le film précédent l’avait laissée, dans la merde donc. N’ayant moi-même qu’une vague idée de qui est réellement Alice (j’ai pas vu tous les films et n’ai pas joué à tous les jeux) j’ai pu me concentrer sur l’essentiel: Milla Jovovich porte cette fois-ci une combinaison en latex sanglée de toute part, et c’est classe, on est dans du pur film d’exploitation, on se régale les mirettes om nom nom. Il y en aura d’ailleurs pour tout les goûts puisque le casting féminin aligne un bon éventail de stéréotypes dont la brillante Asiatique en robe de soirée qui fait des saltos en talons-aiguilles, la guerrière aux bras musclés Lara Croft like et l’inévitable bimbo méchante et frigide en combinaison moulante. En face de ça, les mecs ne font pas le poids: l’escouade d’Expendables bodybuildés qui fait équipe avec Alice a beau aligner du muscle et des flingues, il lui manque le charisme et la crédibilité. Crédibilité vous dites ? C’est marrant qu’on parle de ça, parce que si j’ai bien remarqué un truc dans ce film, c’est que tout le monde semble avoir définitivement décidé de s’en battre les flancs: entre les scènes de fusillades où nos bronzés se font tirer dessus à bout portant par MILLE soldats armés de fusils d’assauts et de railguns avec pour tout couvert un muret de vingt centimètres de haut derrière lequel ils ne font même pas l’effort de faire semblant de se baisser sans se prendre UNE balle, l’héroïne qui se fait briser tous les membres et continue de sautiller gaiement dans la neige et la petite voiture qui traverse des camions comme si c’était du carton, je suis formel, plus personne ne fait seulement semblant de s’intéresser au concept de crédibilité.
Et vous savez quoi, c’est tant mieux, maintenant que c’est acquis et bien ancré dans nos cerveaux on peut en toute quiétude enchaîner sans tiquer des scènes qui n’ont d’autre utilité que de fournir des trucs cool à regarder au spectateur. Oui, je sais, il m’a fallu vingt ans pour assimiler le concept du blockbuster, mais si vous allez voir le film vous comprendrez de quoi je parle. Die Hard et le marcel blindé de Bruce Willis, c’est de l’amateurisme en comparaison. Resident Evil Retribution est un enchaînement de scènes qui déchirent, un prétexte à mettre bout à bout des personnages que les fans aiment (putain, ils vont jusqu’à ressusciter des mecs morts dans le premier film, ça c’est fort!) dans des décors bien stylés (Tokyo, Moscou, Racoon City, et plus encore), un grand sac dans lequel on a fourré les nouveaux zombies et les anciennes némésis de la saga pour les lâcher en vrac sur cette pauvre Milla qui n’en finit plus de défourailler, high-kicker et pic-à-glacer pour le plus grand bonheur des yeux du spectateur qui se régalent pendant que son cerveau peut en toute quiétude se mettre en veille ou penser à autre chose. Le tout sur du dubstep ou une variation infinie du thème principal du film précédent. Côté musique, c’est peut être une question de goût mais moi ça m’a soûlé. La BO du premier Resident Evil était signée Marilyn Manson, et c’était très bien. Voilà. KoRn dubstep a remplacé KoRn neometal au générique de fin*, et c’est là qu’on réalise non seulement que le neometal aujourd’hui ça n’existe plus (déjà que c’était pourri à l’époque) mais aussi et surtout que Resident Evil change d’ambiance, quitte le cinéma d’action/horreur pour entrer dans le monde de l’action/science-fiction. Le réalisateur Paul WS Anderson a fait de la licence un grand terrain d’expérimentation, huis clos gore avec le premier opus, slasher kung-fun post apocalyptique avec Afterlife, le 4e, et maintenant SF quasi cyberpunk (j’ai dit « quasi » hein, pas taper) exploitant plein de concepts ancrés dans notre culture geek – les clones, leur humanité, les mutations, le pouvoir des mégacorporations, la fin du Monde – n’en développant aucun mais nous mettant indiscutablement en confiance. Le film se déroule comme un jeu vidéo, avec ses objectifs, ses différents niveaux, ses combats en slow-motion, ses boss, ses QTE et ses items à usage unique, on est comme à la maison, on se sent bien. On reviendra.
Ça tombe bien, si le film rapporte assez d’argent il y aura une suite, c’est dit dans la dernière scène : « hé partez pas, c’est pas terminé, c’était que le prélude à un autre film, plus démesuré, plus impressionnant, encore plus en 3D. » Et quelle dernière scène ! à elle seule elle rabaisse les 95 minutes de film qui viennent de s’écouler au rang de … bande-annonce. Du marketing de haut vol : moi même, j’ai failli m’y laisser prendre.
* note: les plus pointus d’entre vous remarqueront que le générique de fin, c’est pas KoRn mais bien le groupe d’electro Bass Nectar et le mec des Deftones qui chante, cette digression n’était là que pour soutenir mon propos.