Du haut de notre cocotier, il y a deux MMORPGs que l’on guette avec avidité, nos petits yeux de singes fixés vers l’horizon: Guild Wars 2 et TERA, tant il sont pleins de promesses. Frogster, qui éditera TERA mais qui a aussi dans son catalogue un certain Runes of Magic, MMO free to play dont la richesse n’est plus à prouver, est en train d’accoucher d’un petit nouveau. C’est donc tout plein d’un certain enthousiasme que je me suis jeté dans la bêta d’Eligium en compagnie d’un Florian non moins emballé à l’idée de renouer avec la culture Meuporgue.
Date de sortie: à venir, actuellement en bêta
Genre: MMORPG de bashing de masse
Plate-forme: PC
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Développeur: Shanda Games
Éditeur: Frogster
Disclaimer: cet article est une première impression sur la bêta du jeu Eligium et non une review complète !
On commence donc par une création de personnage joliment présentée mais des plus épurée: cinq classes très classiques sont proposées, qui imposent au passage la race de notre personnage. Si vous choisissez Mage ou Guerrier, vous serez forcément humain tandis que les elfes n’ont accès qu’à la classe Hunter. Je ne sais pas si c’est l’arrivée imminente de Mists of Pandaria ou l’influence de Wakfu qui veut ça, mais on peut également choisir de jouer un panda. Niveau personnalisation, il n’y a pas grand chose à faire non plus puisqu’on se contentera de choisir si notre héros est un homme ou une femme, et c’est tout. Le choix entre deux factions laisse présager des features de compétition entre ces dernières mais ne change pas grand chose à la narration ni au parcours de quêtes en dehors de la capitale du joueur, gigantesque ville qui regroupe tous les bâtiments de sa faction, hôtels de guildes, instructeurs et PNJs importants. En conséquence, les premières maps traversées semblent peuplées de clones puisque tout le monde porte les mêmes armures. Espérons que des options de personnalisation additionnelles viendront corriger tout ça !
En jeu, on sent très rapidement la touche chinoise du développement: graphismes léchés, personnages aux traits caractéristiques, armes disproportionnées et armures ornementées, elfettes anorexiques et surfeurs musclés échevelés (si vous avez déjà lu des Manhua, vous savez de quoi je parle). Sans être franchement beau (les décors sont souvent désespérément plats, vides et moches) et possédant les restrictions techniques que beaucoup de MMO s’imposent pour s’ouvrir aux configurations les plus modestes*, y’a plein de bonnes idées au niveau du design des personnages et du bestiaire. Là où ça devient plus critiquable, c’est concernant le gameplay. Comme dans la plupart des MMOs, combat et levelling sont au coeur du jeu mais là, on atteint des hauteurs dignes d’Aion (oui bon, ce dernier est coréen et non chinois mais vous avez compris le principe) en terme de farming. Je n’ai rien contre le fait de tuer des monstres à la pelle, mais j’aimerais bien un peu de scénarisation, une fine couche de fluff pour enrober le coeur d’intense bashing et le justifier. Or là, néant: une vague trame de retour des démons dans le monde des humains nous promène de PNJ en PNJ, ces derniers nous demandant invariablement de : tuer un quota de monstres, tuer un certain nombre de monstres qui dropent un objet particulier, aller voir un autre PNJ qui vous demandera de tuer des monstres. Il y a bien d’autres types de quêtes comme ramener des vaches à l’enclot ou des enfants perdus à la maison, mais ça n’a rien de fascinant non plus. On se rabat donc sur le combat pour le combat, à des pures fins de levelling.
La progression de personnage revient donc au centre de tout. Chance, c’est plutôt bien géré de ce côté là ! Si on n’a pas de points de stats à répartir à chaque level up (je vais finir par croire que ça ne se fait plus de nos jours) la bibliothèque de skills est bien fournie et offre quelques possibilités de combos sympathiques. On aura rapidement la possibilité de se spécialiser dans une classe qui nous ouvre l’accès à des équipements endémiques et les skills qui vont avec. Petite nouveauté sympa, les compétences s’améliorent au fur et à mesure qu’on les utilise. Il faudra les spammer quelques milliers de fois pour les faire monter de niveau, mais comme vous l’aurez compris ce ne sont pas les occasions de tuer des trucs qui manquent.
La route sera longue jusqu’au niveau euh… beaucoup, les joueurs les plus acharnés ayant atteint le lv 50 dans la bêta mais rien n’indique que ce sera là le plafond. Sans être monté jusque là, le PVE m’a semblé un tantinet étrange et dénué de vrai challenge, avec ses zones non instanciées peuplées de mobs immobiles qui respawnent gentiment en attendant qu’on les nettoie un par un. On trouve bien quelques créatures en mode « offensif » qui attaquent tout PJ passant à leur portée, mais cela n’empêche en rien de simplement runner d’un point à un autre pour remplir les quêtes. Un système très simple de ‘lien hypertexte’ (faute d’une meilleure dénomination) permet au joueur de se déplacer automatiquement vers un PNJ en cliquant sur son nom dans le journal de quêtes. Entendez par là que vous pouvez aller tuer vos 50 zombies à un bout du monde, cliquer sur le nom du PNJ qui vous a donné la quête et aller préparer une assiette de brocolis pendant que votre personnage court vers ledit PNJ. Quelques bestioles essayeront bien de vous canarder en cours de route mais abandonneront la poursuite trop tôt pour représenter une quelconque menace. Bref, on s’ennuie un peu. Monter un groupe n’est pas vital pour progresser hors grosses instances donc on ne s’embêtera pas trop à sociabiliser, à moins d’entrer dans une guilde ou d’avoir un rédac’ chef qui joue avec vous ! Certaines classes, comme le panda géant, ont pourtant des buffs de zone assez dévastateurs lorsqu’on les utilise à plusieurs, atout qui pourrait s’avérer précieux si toutefois les monstres représentaient une véritable menace. Gageons qu’il faudra progresser beaucoup plus loin que nous n’avons eu la patience d’aller pour que la difficulté ne se corse vraiment !
Il s’agit encore d’une bêta, certes, mais on voit déjà émerger un pattern bien défini: un jeu de levelling et d’optimisation, qui tiendrait plus d’un Diablo II que d’un Guild Wars. Spammez allègrement, optimisez gaiement, bashez tant que vous le pourrez; ce n’est définitivement pas un jeu pour les touristes de ma trempe !
* Pour la petite histoire, Eligium utilise le moteur Gamebryo que l’on retrouve dans Warhammer Online et mon chouchou Dragonica. Oui, j’ai beaucoup joué à Dragonica. Je vous emmerde.