Ça, c’est l’état d’esprit avant de lancer the Binding of Isaac. Premier constat une fois le jeu en route: effectivement, c’est mignon! Niveau graphisme, on retrouve un peu l’esprit de Super Meat Boy croisé avec un gentil time waster en Flash. Second constat: c’est dur.
Date de sortie: 28 sept. 2011
Genre: Action – RPG masochiste
Plate-forme: PC, Mac OS
Distribution: Steam uniquement
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Design: Edmund McMillen (Team Meat) & Florian Himsl
Musique: Danny Baranowsky (Team Meat)
N’ayons pas peur de le dire, ce jeu n’est basiquement rien d’autre qu’un immense donjon dans un Zelda sur Gameboy. Vue de dessus, un écran = une salle, des portes qui s’ouvrent avec des clés, des blocs qui se cassent avec des bombes, monstres, coffres, boss, tout y est. Rien de nouveau niveau gameplay donc, mais que voulez-vous? C’est diablement efficace, la prise en main est instantanée et on n’a pas besoin d’attendre plus de quatre secondes pour commencer à avoir du fun dans ce donjon tordu. Encore heureux, vu le temps qu’on passe à mourir et à recommencer du début… parce que bien évidemment y’a pas de sauvegarde non plus… Précisons-le, Isaac, notre protagoniste, est un petit enfant tout nu dont les larmes font office de seule arme. Dans un monde cruel où le moindre asticot est plus méchant, plus résistant et tape plus dur que notre héros, les occasions de mourir ne manquent pas.
Mais c’est chiant alors? Me dit-on en général lorsque je parle de ce jeu. Figurez-vous que non. Contrairement à Dai Makaimura (l’immonde, l’horrible Dai Makaimura) qui nous obligeait à répéter mille fois le même parcours avec les même pièges intervenant au même moment, bien qu’il y ait fort à parier que vous deviez recommencer le jeu un million de fois, vous traverserez un million de donjons différents. En effet, les niveaux sont générés aléatoirement et ça c’est assez cool! A chaque nouvelle partie, vous croiserez des ennemis différents, des configurations de salles nouvelles et un loot nouveau. Même lorsque vous croiserez un boss (placés aléatoirement eux aussi), rien ne vous garantit qu’il ne sera pas légèrement différent de la version que vous avez affrontée un peu plus tôt… qu’il soit plus rapide, doté d’un effet venin voire qu’il soit plus nombreux (la misère) que d’habitude. A la longue, on finit certes par tout connaître mais ça demande tout de même un certain nombre d’heures de jeu. Pour re-citer Dai Makaimura et faire une habile transition vers mon laïus sur les items (si, si), on trouvera entre les deux jeux le point commun de l’apprentissage par l’erreur. Dans l’un il vous faudra apprendre par coeur la configuration des niveaux, dans Isaac il vous faudra apprendre par coeur les effets des items. Ces derniers étant vitaux à la progression, cet apprentissage se fera dans la douleur. Pro tip: serrez les fesses.
Ben oui, je vous l’ai dit au début, le ptit Isaac est nul, faible, lent et fragile. Sans items pour le booster un peu, il sera vite réduit à l’état de petite tâche de sang sur le sol. On trouve donc dans le donjon toute une collection d’items variés. Si certains ont un effet évident et vérifiable, comme l’augmentation de la jauge de vie, la “puissance de feu” des larmes d’Isaac ou un boost de vitesse de déplacement, d’autres sont un peu plus subtils et devront être testés pour révéler leurs effets, parfois utiles, souvent pervers. La carcasse de chat par exemple, a le formidable effet de vous donner neuf vies. Neuf occasions de mourir sans avoir à recommencer le jeu, formidable! Dommage que personne ne nous dise qu’elle réduit aussi de façon permanente la jauge de vie à 1PV. Il en va de même pour les items utilisables, rarement explicites… si vous comprenez du premier coup d’oeil à quoi peut servir un verre de jus de citron ou un livre de cuisine anarchiste, félicitations vous êtes fou. Idem pour les fameuses pilules, items à utilisation unique, dont les effets sont resettés à chaque partie. La pilule bleue qui vous a donné un boost de vitesse hier pourra tout aussi bien vous faire excréter des bombes aujourd’hui, si elle ne vous blesse pas! Histoire vraie.
A la longue, je suis devenu parano, me demandant en permanence si je devais prendre le risque d’aller récupérer tel item, d’utiliser une bombe ou de la garder, de passer telle porte qui pourrait tout aussi bien cacher un magasin que l’une de ces salles à la configuration tellement vicieuse qu’elle drainerait toutes mes ressources… Le choix est bien au centre de ce jeu: le choix de prendre des risques et potentiellement de tout perdre, d’utiliser ou non un objet dont on aurait eu cruellement besoin plus tard, de passer un douloureux pacte avec Baal pour obtenir plus de puissance, et autres dilemnes. Les connaisseurs savent que le personnage biblique d’Isaac est lui aussi issu d’une histoire dans laquelle il est question de choix!
Au final, je me suis retrouvé à passer un petit paquet d’heures sur ce jeu plus prenant qu’il n’y parait. Les personnages cachés, items et boss déblocables lui ajoutent un peu de durée de vie. Si vous aimez souffrir, lancez-vous. The Binding of Isaac vous fera mal, mais vous apprécierez.
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On aime :
- Le plaisir immédiat
- Le sadisme omniprésent
- La musique sympa
- Les animations et le design
- Plein d’items marrants
On râle sur :
- Le permadeath et l’absence de sauvegardes, qui font certes partie du jeu et lui donnent tout son intérêt mais j’ai poussé trop de ragefffuuuuu… sur ce jeu pour ne pas râler un peu là dessus!
- Les menus et les cinématiques, simplement pourris
- Les décors qui finissent par se répéter