Suite a un passage raté sur Kickstarter, Kerberos Studio avait revu ses ambitions à la baisse pour Kaiju-a-gogo lors de la nouvelle tentative de financement sur Indiegogo. Après un peu moins d’un an de développement après ces deux campagnes, le jeu a enfin vu le jour. On va donc en parler un peu.
Disclaimer : J’avais backé ce jeu sur Kickstarter PUIS Indiegogo. Ce n’est pas anodin dans mon rapport au jeu.
Faut pas faire chier Godzilla
Il était une fois un savant fou sur une île perdue au milieu du pacifique (fort fort lointaine donc), comme à l’accoutumée, appelons-le José. José était un génie incompris et pour se venger de tous les connards de l’académie des sciences de Sainte-Lucette-en-Guenilles, José construisit un robot géant en forme de gros lézard humanoïde pour aller détruire l’académie. Mais comme chacun le sait, la ville de Sainte-Lucette-en-Guenilles est incroyablement bien protégée contre les attaques de Kaijus. Aussi Robozilla, le robot de José, devait être bien mieux préparé et testé avant l’attaque !
C’est ainsi que le Robozilla fut, dans un premier temps, lancé à l’assaut de patelins sans importance comme Vancouver, Vladivostok, Madrid, ou Rio de Janeiro. Des petits villages rigolos avec quelques tours à mettre sous les crocs de Robozilla. Et ce jusqu’à ce qu’il deviennent de plus en plus fort.
Pillage, sexe et mili-militaires
Oui, parce qu’envoyer un robot géant sur une ville n’est pas qu’une saine activité pour détendre les neurones trop occupés d’un des plus éminents génies au monde. Non non non, ça sert aussi à récupérer des fonds pour la recherche et quelques ressources bien utiles à mettre dans le sac à dos de Robozilla.
Vous l’aurez compris, si pour la recherche contre le cancer il faut faire la manche auprès du commun des mortels, lever des fonds quand on est cherche à détruire le monde, c’est autrement plus simple. Un peu comme dans la vraie vie, quoi…
Bref, piller et dévaster une ville (ou plusieurs) a quand même quelques conséquences, l’arrivée des militaires sous différentes formes notamment. Partout dans le monde, si un monstre-robot géant vient détruire la ville, on lui sort les tanks, les bombardiers et la marine militaire dans les 30 minutes. On négocie pas avec les gros lézards!
C’est d’ailleurs une des grosses lacunes de Kaiju-a-gogo. Comment justifier ce désir de vengeance destructrice lorsqu’il est à peine justifié et qu’aucune alternative n’est abordée? Puisqu’au fond, on n’est pas vraiment Godzilla dévastant la ville mais le mec qui contrôle la grosse bête, avoir une option diplomatique pour signer des trèves sous la menace avec certains pays en exigeant un tribut et ainsi obtenir une victoire diplomatique serait génial. Oui, on rentrerait un peu plus dans un format de 4X, mais au fond… N’y est-on pas déjà ? On attaque des villes pour récupérer des ressources afin d’étendre la base secrète et d’y construire de nouveaux bâtiments pour être plus fort et avoir plus de ressources et donc… attaquer encore plus. Seule l’exploration est un peu en dessous du reste, mais on se retrouve quand même à parcourir les villes et identifier les “spots” de ressources.
Ils auraient peut-être dû prendre Yves Saint-Laurent comme architecte….
Vous l’aurez compris la seule chose à faire à part tout casser, c’est améliorer l’île secrète avec des bâtiments tip top qui permettront d’apprendre de nouvelles compétences au Robozilla pour mieux tout détruire. Et c’est là que le bât commence à blesser un peu. Les bâtiments et les compétences sont terriblement génériques dans leurs effets. À tel point qu’on s’emmerde un poil.
Visuellement, je tire à moitié mon chapeau à l’équipe de Kerberos. Je n’aime pas vraiment leur style graphique. Il ne me convient pas, il a quelque chose de “pas fini” MAIS ils ont au moins le mérite de me sortir des gros pixels et d’apporter autre chose dans le monde du jeu vidéo. Une espèce de style dessiné à la main un peu brouillon. Et au moins pour ça je ne regrette pas d’avoir backé leur jeu.
Le dernier aspect que je n’ai pas abordé mais est, pour moi, un des plus gros souci du jeu ce sont les contrôles. Contrôler son monstre est une prise de tête, un extrêmement mauvais moment à passer. Le déplacement dans la ville n’est pas évident, même après avoir tout rasé aux alentours, et cibler les militaires pour leur faire des mamours une fois qu’ils arrivent est très compliqué.
Il semble qu’après un certain nombre d’heures une organisations se mette à attaquer la base secrète (là aussi un arbre technologique pour essayer de la garder cachée serait awesome). Mais je ne verrai sûrement pas ce point. Kaiju-a-gogo est décevant et plutôt ennuyeux, et malgré l’engouement que j’avais pour le jeu et le concept, je n’arrive pas à passer outre les contrôles et la pauvreté globale du jeu. C’est assez marrant, Kaiju-a-gogo fait beaucoup plus de choses que ce à quoi je m’attendais, mais vraiment pas assez bien dans les premières deux ou trois heures de jeu.
Deux monstres vont être ajoutés dans le prochain patch et cela proposera peut-être une expérience un peu plus intéressante. Pour l’instant, j’arrête là. Parce que si le jeu fait un poil plus que ce que j’escomptais, la destruction de villes est tellement chiante et pas intéressante que j’ai envie de me pendre au bout de 5 minutes… J’ai, comme souvent, eu plus de fun à écrire mon histoire qu’à jouer au jeu.