Les gars de chez Dejobaan Games nous ont beaucoup habitués à des jeux étranges, à des choses qui sortent de l’ordinaire (comme Monster Loves you ou Aaaaaaaaaaaaaaaaaa!!!!), mais là le niveau est dépassé avec le terriblement poétique Elegy For A Dead World.
Ballade littéraire
Il était une fois un individu mélancolique qui flottait dans l’espace. La langue anglaise était sienne et ses classiques étaient perdus. Ils avaient néanmoins laissé une trace, vague parfois, forte d’autres fois. Des mondes entiers avaient été créés, détruits, ressuscités, et formatés par les grands maîtres ; trois pour être exact. Trois icônes du romantisme anglais avaient laissé de vastes étendues désertes à explorer, livrées à la mélancolie, et surtout livrées à la libre interprétation.
Aucune quête, aucune récompense, pas même un monstre sinon l’écran noir (la page blanche des temps modernes). Parfois une créature, au loin, pour inspirer l’histoire, et surtout, la visite de mondes somptueux développés uniquement par et pour la création artistique.
http://youtu.be/bfps2HKE4B4
Nous voilà bien avancés
Bref, Elegy est un catalyste. C’est un superbe petit bout de création numérique, rien à dire là-dessus, les niveaux, l’ambiance sonore, et la progression sont au poil, mais clairement ce n’est pas un jeu au sens propre du terme. C’est un jeu d’écriture, c’est un jeu dans lequel l’expérience est au diapason de ce que le « joueur » investit. La mécanique est simple, on s’inspire de ce qu’on voit et de ce qui est déjà là pour écrire en remplissant des textes à trous ou, plus librement, comme on veut en fait !
Elegy For A Dead World propose plusieurs modes pour chaque niveau. Le principe est simplement de proposer des changements de ton et d’ambiance. Le niveau en lui-même ne change pas, mais l’approcher dans une optique poétique ou comme s’il s’agissait du pire voyage de l’histoire modifie forcément la teneur du texte.
La deuxième partie du jeu, c’est tout simplement de relire son voyage intégralement, de le partager, ou de découvrir ceux d’autres « joueurs ».
Vous l’aurez sans doute compris, j’aime, que dis-je, j’adore le concept d’Elegy For A Dead World. Maintenant il présente des défauts importants : le premier, c’est que le jeu n’existe qu’en langue anglaise. Si découvrir les classiques que sont Byron, Keats, et Shelley est extraordinaire (allez en lire), c’est forcément plus compliqué de s’identifier correctement quand on pense en français et qu’on a grandi avec Hugo, Lamartine, et Musset. L’autre point, c’est que le jeu ne propose que trois niveaux, une fois sa créativité investie il est compliqué d’en sortir. C’est un excellent exercice pour qui veut écrire, moins intéressant pour tous les autres.
Mais malgré tout, pour la liberté incroyable que ce genre de jeu apporte et tout le potentiel qui se cache derrière la créativité du joueur, j’applaudis ! Surtout que la direction artistique est VRAIMENT belle.
On aime
- Le concept
- L’ambiance
- La direction artistique
- La découverte de mondes inspirés par les classiques du romantisme anglais
- La durée de vie potentiellement infinie
On râle sur
- La durée de vie assez courte si on reste bloqué par la page blanche
- La page blanche en elle-même
- Le mode « correction grammaticale » où on ne sait pas si on a bien corrigé les erreurs ou non
- L’anglais pour seule langue