par Crayd le 7 janvier 2013

Réussir une Game Jam

ou du moins finaliser son jeu

Vous souhaitez participer à une Game Jam pour la première fois ou vous aimeriez vous relancer dans l’aventure et vous avez besoin de conseils, alors suivez le guide et ces quelques conseils qui vous permettront de finaliser votre jeu et peut-être de gagner !

Une Game Jam est un évènement ouvert à tous (qui peut être mondial, international, national, local, sur le web) autour de la conception d’un jeu vidéo dans un délai restreint (1h, 48h, 72h et plus) avec des contraintes particulières pour réaliser le projet. On peut être en équipe ou seul, de toute façon, une fois sur place, on est amené à rencontrer des gens, donc être vraiment solo reste difficile. Généralement, ça se passe sous la forme d’un concours gratuit ou payant, au cours duquel l’objectif est de concevoir un prototype de jeu vidéo en répondant à un sujet imposé. Il faudra au final présenter son travail devant les participants et parfois un jury. Selon les jams, il y a un prix à gagner, même si ce qui réellement le plus enrichissant c’est d’aller jusqu’au bout comme dans un marathon. Une chose est certaine, l’expérience est vraiment des plus intéressantes, c’est une belle aventure qui nous fait voir les jeux vidéo avec un regard neuf.

Connais-toi toi-même et identifie les autres

L’espace est réduit, la tension est palpable, les cervelles chauffent autant que les ordinateurs, mais c’est que du bonheur !

Cela peut paraître simple, mais pour savoir où on va et comment on y va, il faut déjà savoir qui on est, déterminer le plus subjectivement possible ses points forts et ses faiblesses. Tout d’abord, vous devez savoir ce que vous êtes certain de faire pendant le concours : vous êtes plus graphisme, programmation ou game design, même s’il y a de grandes chances que vous touchiez à tout ensuite, il est nécessaire que tout le monde ait une place attitrée. Une fois que vous avez en tête les compétences que vous êtes plus ou moins sûr de mettre en œuvre, vous devez constituer un groupe avec des personnes avec qui vous avez déjà travaillé et avec qui vous êtes en bons termes, car l’équipe ne tiendra pas le coup si l’entente n’est pas bonne. Essayez de voir tous ensemble vos compétences histoire de voir si vous n’êtes pas tous identiques, parce qu’une équipe avec que des graphistes c’est cool, mais sans programmeur ou un gars qui va s’occuper de faire marcher le tout, vous aurez un super jeu de société mais c’est tout. Un bon groupe est constitué de 4 à 6 personnes assez polyvalentes qui savent faire au moins deux trucs, par exemple, un mix graphiste / animateur, un combo programmeur / ergonome ou game designer / ingénieur BAC + 10 c’est bien aussi, idéalement il faudrait un binôme dans chaque catégorie. Enfin, vous devez tous vous mettre d’accord sur le comportement que vous adopterez, êtes vous en mode compétition du genre on cache tout ce qu’on fait pour ne pas être vus/copiés ? En mode friendly prêt à aider les autres parce qu’après tout c’est mieux l’entraide ? Personnellement, je préfère la seconde façon de voir les choses, ça met une meilleure ambiance, les gens sont plus cool et si vous avez vraiment un problème, les autres seront plus enclins à venir vous aider que si vous êtes dans votre coin. N’oubliez jamais que dans ce genre d’évènement, vous rencontrez de potentiels futurs collaborateurs (on ne sait jamais).

Il ne faut pas oublier une chose importante que l’on met souvent de côté, on fait un jeu certes pour s’amuser et vivre une expérience de création intense, mais la production est destinée à être jugée par un jury composé de professionnels qui ont tous des attentes particulières. Du coup, si vous êtes dans l’optique de gagner à tout prix, il peut être avantageux de connaître les goûts et la force d’influence de chaque juré. Normalement, ils doivent être impartiaux, mais ce sont des humains avant tout, donc si vous parvenez à séduire au moins la moitié des gens, c’est dans la poche, à moins que la concurrence soit d’un niveau hors du commun, vous devriez y arriver. Puis même sans avoir la volonté de gagner à tout prix, c’est bien de savoir qui est en face de vous.

 

Connaître ses armes

Le sujet de cette Game Jam a été tiré au sort, pour ce coup ci, on a eu de la chance.

Pour le côté humain c’est bon, vous avez identifié ce que vaut l’équipe, vous savez qui va faire quoi, maintenant, d’un point de vue matériel, c’est autre chose. Il est rare de faire des Jams où le matos est fourni (sauf si c’est l’objectif du concours d’utiliser une techno particulière), la préparation de l’équipement est une partie importante et souvent, c’est là qu’il faut réussir à bien s’organiser. Si possible, essayez de repérer les lieux, au moins pour prendre conscience de l’espace, si vous allez bosser dans une cage à poule, inutile de vous encombrer, par contre si vous avez de la place, n’hésitez pas à en prendre plus que prévu, on ne sait jamais quelqu’un pourrait en avoir besoin. Si vous avez des ordinateurs portables c’est bien (attention aux éventuelles incompatibilités PC/Mac), si vous avez des unités centrales, ben j’espère que vous avez des muscles. Les tablettes graphiques sont les bienvenues, un scanner si possible ou un appareil photo (au pire les Smartphones ça peut le faire en fonction de ce que vous voulez faire). Le tout numérique c’est bien, mais s’il y a un crash et pas de sauvegarde, ben y a plus rien, donc tout ce qui peut être fait sur papier, faites le, les recherches, les notes et les gribouillis sont des sources qui ne disparaîtrons pas (en théorie).

Il y a vraiment des niveaux à ne pas atteindre, c’est comme en cuisine, un poste de travail propre favorise l’efficacité

Parfois, les vivres sont prévues au programme, mais gagnez du temps, faites vous une petite liste de trucs à miam ou définissez deux ou trois lieux assez proches de là où vous êtes pour allez vous restaurer. Le premier jour, vous pouvez prendre des repas tranquillement pendant une à deux heures tout en continuant de parler du projet, vous serez plus cool et détendus en étant ailleurs que devant vos PC. Franchement, ne vous restreignez pas dès le premier jour en vous disant que vous ne mangerez, ne dormirez et n’irez aux toilettes qu’après la Game Jam, c’est se faire du mal pour rien (vous le ferez déjà bien assez dans votre première entreprise). Je vais faire mon relou mais évitez tout ce qui est liquide près du matériel, une goûte d’eau peut faire de très gros dégâts, si vous faites sauter les plombs, d’autres voudront certainement vous faire sauter la tête. Pour finir, les trucs gras ce n’est pas top non plus pour le matériel, après c’est vous qui voyez. Encore une fois, le premier jour, il n’y a pas d’urgence, vous devez avoir un rythme de travail soutenu, mais pas être à pleine balle dès le début, c’est comme une course d’endurance, il faut garder de la réserve pour le sprint final, alors évitez tous les stimulants qui vous empêcheront de dormir correctement, car oui, le premier jour vous devez avoir un vrai sommeil quitte à ne pas dormir le lendemain.

 

Devenir un Jack Bauer en herbe

Ce type de jeu est assez simple avec une vraie personnalité et sans trop d’ambition

Heureusement vous disposez de 48H chrono pour faire le boulot, vous allez voir que c’est peu au final et qu’une bonne organisation de chacun est préférable à la dictature d’un seul chef de projet (qui ne servira à rien si ce n’est mettre la pression). On parle alors de méthode dite « Agile », car toute l’équipe s’autogère, donne un état d’avancement constant et se soucie de ce que l’autre fait, le but étant que tout le monde ait une visibilité sur l’évolution de la production et surtout, ça permet de voir quand un membre de la team a du mal. Dès qu’un problème est identifié, il faut trouver un moyen de franchir l’obstacle, ce qui signifie souvent de retirer des fonctionnalités au jeu. En gros, que ce soit dans un projet en 48h, une semaine, trois mois voire des années, les problématiques sont toujours les mêmes et elles arrivent toujours dans les mêmes proportions de temps. Les solutions sont également les mêmes, il faut constamment communiquer pour identifier au plus vite le(s) problème(s) et savoir faire des sacrifices pour permettre au projet de se poursuivre.

Un groupe qui s’organise bien à de meilleurs chances de finaliser quelque chose. Alors à vos crayons et vos feutres !

Après s’être installé, le sujet tombe et là on se jette éperdument dans les idées, c’est un feu d’artifice de concepts et ça part vite en cacahuète. Le bon truc à faire c’est de voir chacun de son côté pendant 10 minutes ce que le sujet évoque, puis vous rassemblez les idées, vous gardez les idées communes qui plaisent à tous, vous continuez à réfléchir sans limitation quitte à partir en sucette et vous écrivez tout. Après une ou deux heures, vous devez vous arrêter et faire des choix, prenez d’abord tout ce qui est très simple à réaliser  et  gardez d’un autre côté ce qui plait à tout le monde, le reste c’est poubelle. Il est impératif de faire un truc hyper méga simple au début qui pourra ensuite être enrichi si vous avez le temps. Gardez en tête que le but ultime est de pouvoir présenter quelque chose qui marche sans bug si possible avec un graphisme sympa. Ne soyez donc pas trop ambitieux, l’innovation et l’originalité ne viennent pas forcément des choses compliquées.

Une fois que vous avez décrit les grandes lignes du projet (le thème, le ton, le style graphique et les principales fonctionnalités), il faut que chacun se lance dans la création du prototype, les graphistes font des recherches de style et d’animation, ceux qui s’occupent de la programmation commencent à réaliser les trucs primaires du jeu et les autres doivent faire les documents exhaustifs de travail (liste des éléments graphiques, schémas d’interaction et une feuille d’avancement). Dites-vous que si au bout de 12 à 15 heures de travail vous avez un truc qui marche, c’est déjà super bien et là, vous pouvez ajouter, améliorer et peaufiner votre projet. Sinon, vous devez encore simplifier voire remanier le tout de sorte que la programmation du tout soit la plus rapide possible, car en effet, on dépend complètement de la prog. Enfin si vous êtes arrivés à faire tout ça, vous pouvez penser à faire un tuto du jeu, un ou deux niveaux supplémentaires, faire une animation d’intro et réfléchir à la présentation du projet.

Il y aurait encore plein de détails à voir et des conseils à donner comme faire souvent des sauvegardes de ce qui fonctionne, toujours rester calme, se reposer quand on sature, parler avec d’autres équipes etc… Mais après c’est aussi une aventure à vivre plus qu’à prévoir dans les moindres détails. De toute façon, c’est rare que les choses se passent comme prévu, le meilleur conseil au final est de savoir s’adapter à toutes les situations, devenir un genre de Mac Gyver. Ce n’est qu’une petite épreuve qui doit vous apprendre comment gérer votre stress, votre sommeil, entretenir des relations saines avec les autres, tisser des liens  et surtout, cette expérience doit vous confirmer que c’est bien dans ce domaine que vous souhaitez travailler si toutefois c’est ce qui vous motive, le jeu vidéo ne sera plus jamais comme avant…

N’hésitez pas à me faire part de vos avis et à donner vos propres conseils. Pour en savoir plus sur les Game Jam, je vous invite à vous rendre sur le site suivant : http://globalgamejam.org/

Good Luck

 

Crayd. Soulevez un coin de ce pseudonyme aux allures kikoolol et vous découvrirez une crème de singe gentil tout plein. Bien qu'il n'écrive plus beaucoup (du tout en fait...) sur Goreroll, Crayd c'est de l'amour tout plein. Un grand bisounours au coeur guimauve, un mec qu'on a connu quand il faisait du flash et qu'on a vu évoluer vers le game design puis vers l'éducation. Si un jour vous avez besoin d'un discours de héros de shônen, appelez Crayd, il les fait au naturel !