J’ai acheté Nation Red en ayant en tête l’idée que le jeu traiterait de quelque chose comme une révolution de mineurs Ukrainiens durant les heures les plus soviétiques de ce pays, avec tous ces screenshots de paysages ternes et tristes remplis de gens crasseux qui courent en brandissant des marteaux et des trucs pointus. En vrai, il s’agit de zombies. Encore des zombies. Toujours des zombies.
Oh le beau cas que voilà. Un jeu, indépendant, certes, mais c’est pas une raison nom d’une vache en croûte, qui arrive à reprendre un concept porteur et sympa pour en faire quelque chose de triste, mou et inintéressant, à savoir le shooter-survival-débile qui met en scène un joueur seul face à des milliards de zombies et euh… c’est tout. Nous voilà largués dans une arène minuscule, à devoir faire face à plein de pestiférés jusqu’à ce que mort s’ensuive, avec de temps à autre un power-up qui apparaît pour tout faire péter ou une arme qui tombe des poches d’un zombie histoire de donner un bout d’illusion de variation de gameplay au joueur vite fatigué. C’est chiant.
D’abord parce que les arènes sont vraiment minuscules et désespérément vides. Peu d’éléments de décor, pas de moyen d’interagir avec l’environnement, de rares obstacles souvent inutiles car placés sans une once d’intelligence, bon sang que c’est nul. Toutes les arènes finissent par se gérer de la même façon: on tourne en rond en tirant dans tous les sens sur des zombies qui arrivent de partout jusqu’à ce que l’IA en génère un nombre trop élevé pour être contenu. Oubliez la stratégie, rangez votre skill, tout ça ne sert à rien dans Nation Red, un monde merveilleux où des power-ups chaotiques transforment l’écran en bouillie inexpugnable de pixels dont la couleur varie artistiquement du rouge sale au brun dégueulasse, où votre personnage passe son temps à patiner sur le sol comme un athlète débile qui aurait perdu sa colonne vertébrale et où tout, de la modélisation des personnages aux textures du sol, est désespérément laid.
Chiant encore, parce que la notion de progression dans ce jeu se résume au nombre de zombies à l’écran et à un système de levelling assez obscur qui nous donne accès à des compétences bizarres, du genre Pouvoir Pyrokinésique d’Explosions Souterraines en Rafale Bwaaaaah, Aimant Magique Qui Attire Tous Les Power-ups ou encore Donne Un Shotgun à Mon Clone… ça n’a pas beaucoup de sens de voir mon personnage se mettre soudainement à jeter des scies circulaires dans tous les sens après avoir dézingué quelques zombies, si vous voulez mon avis mais bon, ce doit être l’un des mystères du levelling. L’essentiel de ces compétences tient soit du gadget déséquilibré qui tue tout le monde à lui tout seul, soit de l’inutile, soit de l’hyper-classique comme le rechargement rapide ou un boost d’endurance. Quoi qu’il arrive c’est le bordel à l’écran alors bon, une série d’explosions automatiques de plus ou de moins…
Chiant enfin, parce que même si vous rejoignez une partie multijoueurs en ligne, la seule différence avec le solo sera que vous serez quatre à courir dans tous les sens comme des crétins en tirant n’importe-où alors bon… la coopération aurait un sens si elle avait lieu dans des maps permettant un brin de tactique mais comme ce n’est pas le cas, autant jouer tout seul.
Je vous mentirais en disant que Nation Red n’est pas funky. Si, si, les quatre premières minutes de jeu sont plutôt sympa, voire la première moitié de la cinquième minute, mais passé ce petit temps de découverte, où l’espoir de voir le gameplay décoller n’a pas encore quitté votre cerveau embrumé par le script qui y tourne en boucle (tire-tire-tire-tire-recharge-tire-tire-cours lol-tire-tire-recharge…) il n’y a plus grand chose à voir. En une heure, on a fait le tour des différents modes de jeu et découvert toutes les maps – les minuscules et inintéressantes maps – ainsi que les différents types de zombies et la seule façon de les affronter, à savoir dégotter la plus grosse arme possible et tirer sans trop réfléchir. Des jeux Flashs gratuits sur Internet faisaient déjà ça de façon autrement plus intelligente il y a quelques années et on ne peut même pas dire que Nation Red a pour lui l’avantage des graphismes, ça serait mentir. Relancez un bon vieux Boxhead dans votre navigateur favori, le résultat sera autrement plus intéressant.