Les tartes c’est cool, on peut faire des tartes à tout ce qu’on veut, aux pommes, aux fraises, aux courgettes ou aux concombres (même si c’est pas bon la tarte aux concombres, ma môman a une très jolie blague sur le sujet, mais laissons ça pour plus tard). Une tarte c’est super cool, donc, et ce n’est pas ce roublard de P.B. Winterbottom qui vous dira le contraire. Ni même quelque adolescent de teenage movie (hé merde, j’ai craqué).
Revolez-vous une petite part de tarte ?
P.B. Winterbottom (littéralement « cul d’hiver », ne me demandez pas pourquoi) est un voleur, un vil coquin qui, tel Arsène Lupin ou Fantomas (en fonction de la qualité de vos goûts) écume les toits de la ville entière, une fois la nuit tombée, pour y chiper les biens d’autrui. Si Robin des Bois vole l’or des riches pour les pauvres, et Dillinger braque les banques pour son profit personnel, Winterbottom, lui, préfère les tartes aux liasses de billets et prévoit de n’aller nourrir personne sinon lui-même, ce sagouin !
Un soir d’hiver, alors qu’il suit les odeurs de tartes et se met en jambes par quelques habiles méfaits sur les rebords des fenêtres. Oui, aux Etats-Unis, les gens posent les tartes sur le rebord de la fenêtre, on le voit dans les films et les BDs et je ne sais toujours pas pourquoi… en tous cas, c’est débile… Bref, par cette froide nuit d’hiver, il aperçoit alors la tarte au fumet le plus exquis qu’il ait vu, une tarte scintillante, magnifique, volante et magique ! Une tarte qui le renverra dans les limbes du vol tartier, une mésaventure où il devra, à nouveau, voler les tartes du passé sous l’influence magique de quelque tarte satanique !
Tout n’est pas si tarte
Et vous voilà partis pour revoler toutes vos conquêtes passées, et si votre personnage connaît ses actions, il se fera muet comme une tombe, ou plutôt comme un film des années 20, sur la façon de passer les problèmes qui s’amoncèlent sur le chemin. Et c’est plutôt de bon ton d’être muet puisque le jeu entier se construit exactement comme un de ces vieux film muets. Les designs ont un petit côté vieillot, en noir et blanc. Winterbottom lui-même semble sorti d’un autre temps avec son parapluie et son improbable haut-de-forme.
La bande-son toute à la musique vieillotte et au piano donne aussi cette impression d’avoir sorti une vieille bande des années 30s. L’illusion est du plus bel effet, jusque dans la narration qui se fait entre chaque niveau par de courts versets accompagnés d’illustrations sur fond sombre.
Un hiver bien rude
Accompagné de vos plus précieux atours et alliés, votre parapluie et votre chapeau, donc, vous allez devoir dérober des tartes, et si au début, les conquêtes de Winterbottom sont plutôt aisées, à mesure que le temps passe, on sent que les habitants des lieux cherchent quelque peu à protéger leurs desserts ! Et surtout que le tourteau magique qui vous nargue depuis les commencements de ces terribles aventures continue nonchalamment de vous provoquer par un sadisme mal placé.
Des tartes fantômes, de la démultiplication de Winterbottom, des sauts et des énigmes en jeu de plateforme, ou, plus sobrement, des jeux d’ombres chinoises. L’entreprise de récupération de tartelettes se retrouve régulièrement menacée par des énigmes farfelues dont il faudra réussir à comprendre l’esprit pour pouvoir espérer passer ne serait-ce que le premier niveau du chapitre.
Le malheur ne dure jamais longtemps
Le jeu se fait, en effet, assez court, tout en se montrant suffisant. Cinq « films » principaux regroupant chacun 8 niveaux, plus cinq mondes bonus. Ce n’est pas énorme, certes, et, si l’on comprend vite l’esprit (ou si on prend une soluce, oui) on pourra traverser le jeu en à peine quelques petites heures. Par contre, en cherchant (et en bloquant, immanquablement) en prenant son temps le jeu s’allongera. Il restera court, indéniablement, mais pour ma part, après avoir bloqué autant, j’étais heureux d’en voir le bout et de pouvoir retourner détendre mes neurones dans une bouillie nanar, et puis heureux d’avoir pu faire ce petit voyage muet ! Puis… pour le prix qu’il coûte, il peut être un petit jeu ! Pour ceux qui le veulent, ils peuvent partager leurs scores en ligne pour faire des compétitions avec d’autres joueurs !
Bref, Les Mésaventures de P.B. Winterbottom est un petit jeu avec un petit prix qui propose une expérience et un voyage très sympathiques. Le jeu aligne des graphismes et une bande son en parfaite adéquation avec l’hommage au cinéma muet qui est entrepris. Et une histoire amusante qui, sans faire des merveilles a de nombreux mérites, notamment celui d’exister et celui de s’exprimer régulièrement, comme le veut l’usage au théâtre classique et au cinéma des années 20, en vers.
On aime
- L’ambiance de cinéma muet qui englobe le jeu
- La difficulté des énigmes
- L’humour de l’histoire
- Les illustrations
On râle sur
- On aurait pu avoir plus de niveaux
- La difficulté des énigmes (non sérieux des fois c’est chiant)