Starship Troopers ! Un premier film génialissime, deux suites infâmes, un remix 0% de matière grasse sauce japanime fraîchement sorti. Deux jeux vidéo. Une franchise phare devenue synonyme de nanar assumé. Toute la résidence Günther a dansé pendant près d’une semaine au doux son des fusils d’assaut repeignant les murs d’une épaisse couche de sang arachnide pendant que les singes revoyaient, un par un, parfois avec délice, souvent avec dégoût, les quatre films en question. Ah oui, et on a joué à cette bouse aussi.
Bah oui, bouse. Vous-vous attendiez à quoi, on est vendredi ! Starship Troopers le FPS annonce la couleur d’entrée de jeu: le but est de nous faire revivre les sensations du premier film dans la peau d’un trooper largué au milieu d’une fourmilière grouillant d’insectes géants vicieux et affamés, armé de son petit fusil merdique. De la viande fraîche pour le broyeur ! Le point positif de ce côté là, c’est qu’effectivement, il peut y avoir des centaines de ces emblématiques créatures affichées à l’écran en même temps, et les voir sortir de tous les trous (du décor) pour se ruer sur les troopers en vagues implacables a quelque chose d’épique.
J’en profite pour souligner le fait que ce jeu donne quelques clés importantes à la pleine compréhension de la cosmologie Starship Troopers.
Tout d’abord, le fait que l’on ne voie jamais les soldats fédéraux recharger leurs fusils tient au fait que ceux-ci ont des munitions infinies. Et ils sont inefficaces parce que ben c’est la règle, dans les FPS l’arme de base qui tire à l’infini est toujours merdique.
Secundo, la résistance des arachnides. Dès le premier film, on se rend compte que ces derniers tombent comme des mouches sous les tirs lorsqu’ils sont en nombre, alors qu’une bestiole seule peut encaisser un nombre de bastos hallucinant avant de tomber. Aussi nous avons conjointement élaboré un théorème à ce propos (car nous sommes des singes savants) disant ceci: « la puissance des arachnides est inversement proportionnelle à leur nombre suivant une base exponentielle ». D’où réciproque: « Si elle attaque seule, t’es dans la merde ». Eh bien, nous avions tout faux ! En réalité, des arachnides apparemment identiques ont une résistance variable. Le jeu nous le prouve: arachnide noire, peu de points de vie, vient en groupe. Arachnide à rayures, beaucoup de PV, peu de compétences sociales, attaque seule ou en petit comité. C’est fou comme on apprend des trucs en jouant !
Come on apes, you wanna live forever ?
Trève de galéjades, revenons-en au sujet principal: le jeu en lui-même. Le problème posé par l’affichage d’un très grand nombre de bestioles à l’écran, en 2005, c’est que ça pompe beaucoup de ressources, et que du coup il faut en économiser ailleurs. C’est pourquoi Starship Troopers, sans être irrémédiablement infâme visuellement, est bien moche selon les critères ‘de l’époque’. Autre inconvénient, les affrontements tournent immanquablement au bordel le plus illisible. Courir dans tous les sens, ne rien voir d’autre qu’un grouillement confus de pattes et de textures mal étirées à la lueur des flammes du flingue qui fait dougoudougoudoug dans nos oreilles de façon ininterrompue le tout pendant que l’écran clignote pour nous indiquer qu’on se fait mordre à droite, tirer dessus à gauche, et qu’on marche dans une mer de plasma qui brille, ça fait vite beaucoup. D’amusant au début, Starship Troopers devient insupportable à la première rencontre avec des insectes un peu plus gros qui font office de boss. C’est interminable, ça respawne dans tous les sens, on voit rien, d’un point de vue sonore c’est infâme et comble du chiant, un problème persistant de clipping peut coincer à tout moment votre trooper dans un bout de décor. On peut pas sauter plus haut que 20 centimètres, en plus.
Le pire, c’est que cette surabondance de trucs à tuer ne rend pas les situations foncièrement difficiles puisque nous ne jouons pas un trooper ordinaire, non môssieur, mais un Marauder, genre de super soldat avec un bouclier qui se recharge et tout. En même temps, c’eut été frustrant de jouer un troufion de base tout juste bon à se faire dézinguer. La difficulté progresse d’ailleurs par bonds flagrants jusqu’à des sommets d’infamie pure au rythme de l’apparition de nouveaux types de bestioles au coeur de la mêlée. Les joueurs s’y étant essayés comprendront que je parle de cette race de minuscules cafards-mitrailleurs infligeant, comme le veut la logique, une quantité de dégâts surpassant sans transpirer celle engendrée par un jet continu de plasma venant d’un scarabée de plusieurs centaines de mètres de haut. Seems legit.
Tout le monde se bat, personne ne s’barre !
Les films nous ont habitué aux plots sinon maigres, au moins incohérents. Bon, là, euh… qu’est-ce qu’on a déjà ? Cinq ans après le premier film, c’est toujours la guerre, tout ça… on est un super soldat, tout ça… on fait des missions, voilà voilà voilà… c’est à peu près tout, on se promène de déserts en tas de cailloux, on va chercher des trucs, on escorte un général (qui comme tout un chacun le sait, va TOUJOURS sur la ligne de front en personne, c’est logique), on tue des machins. Pas de satyre rigolote de l’état militariste, pas de grosse révélation, juste un jour comme un autre à Cafardsland où le soldat Doude gagne la guerre à lui tout seul. Les missions se contentent en fait de reprendre les scènes clés des films – la grille de défense du bunker, le fort de la planète P, la bataille de Klendathu, jusqu’à la capture du cerveau à la toute fin – même le tutoriel est inutilement long et chiant. Le pire, c’est que les cutscenes sont des extraits des différents films balancés en vrac, ce qui n’a pas grand chose à faire là. Le jeu a bien quelques instants de bravoure, des séquences un peu choc et immersives mais elles sont bien vite calmées par une mise en scène bancale donc bon… on passe au travers, puis on oublie.
Ben moi, j’me barre mon bon sergent ! Que la fédération se démerde sans moi.
Parce que Dieu est avec la Fédération et qu’il approuve le karaoké, la chanson du Sky Marshal Anoke en bonus.