Damnation, c’est ce que je me suis écrié en voyant ça, encore un énième film à licence avec un titre en -tion, ça ne finira donc jamais ? Alors avant toute chose, il faut préciser que celui-ci, contrairement aux Extinctions et Retributions de mon fion, s’inscrit dans la chronologie des jeux. Ça implique qu’il y a un scénario dedans, et qu’il s’imbrique dans la cosmologie Resident Evil en vrai. Ça calme, je sais.
Il est vrai qu’après m’être tapé tous les films de la saga dans un élan de conscience professionnelle (il fallait que je comble les trous après avoir vu Retribution, vous comprenez*) je ne m’attendais pas à grand chose en lançant Damnation. Et là, ô surprise, il s’agit d’un film d’animation sans acteurs dedans dont la beauté titille agréablement l’œil. L’un de ces films au cachet si particulier, avec un rendu réaliste mais dont les personnages ont des restes de manga partout sur le visage, si vous voyez ce que je veux dire. Quand on s’attend à mettre le cerveau en veille face à une avalanche d’explosions et d’interminables cascades en slow-motion débiles, la beauté des décors et la finesse des animations a quelque chose de rafraîchissant. Le travail sur les visages et les expressions faciales, un point faible notable des films d’animation « réalistes » est ici assez fou. Chapeau.
Oui, bon, on a compris, et l’histoire ? Attention, on a droit ici à une vraie intrigue, écrite avec des mots, des twists, des surprises et tout et tout ! On retrouve Léon S. Kennedy, protagoniste récurrent des épisodes vidéoludiques, dans un pays fictif d’Europe de l’Est plongé dans une guerre civile, parti enquêter sur l’utilisation supposée d’armes biochimiques par les indépendantistes. Alors bon, on ne doute pas une seconde qu’il y a une histoire de parasite pas nets là dessous, sans ça il n’y aurait pas de film ! Mais comme c’est bien amené, plein de bonnes surprises et qu’il y a une poignée de personnages bien développés et qui jouent plutôt bien (alors que c’est rien que des tas de polygones en vrai), franchement il n’y a pas de raison pour bouder son plaisir.
Il y a plein de scènes d’action bien folles et un tout petit peu de fanservice, et malgré un bon paquet de scènes-clichés et un peu de surenchère débile en fin de parcours, c’est jamais gratuit et, ô surprise, le tout reste vraisemblable. Non, le seul truc crispant ce sont les répliques pseudo-badass téléphonées d’un Léon blasé qui se la joue « je suis trop cool et dark pour être dans ce film » au point d’en devenir plus énervant qu’attachant et faire disparaître une bonne partie de la tension dans des scènes qui auraient gagné à faire ressortir le côté humain de ses personnages. Et ça c’est con, parce que ce même film nous prouve régulièrement qu’il est tout à fait possible d’insuffler une vraie crédibilité à des acteurs numériques.
Ça me peine de tenir un discours aussi commercial, mais fans : foncez. C’est super beau, respecte à la lettre l’univers de la franchise et, si l’histoire ne casse pas trois pattes à un Licker, ni n’apporte beaucoup à la cosmologie Resident Evil, elle a au moins le mérite d’être un bon standalone. Pour les autres, c’est un très beau film d’animation qui ne se fout pas de la gueule du spectateur. Une raison tout à fait valable pour le voir !
*Notez bien que j’aurais pu m’en passer, dans l’absolu, vu que tous les épisodes sont à peu près aussi creux. Mais maintenant au moins, je suis fixé.
Le mot du gros con
En fait, c’est pas dur de comprendre pourquoi qu’il est bien ce film. Paul W.S. Anderson ne l’a ni produit, ni réalisé. Alors tout de suite, ça aide à remonter le niveau…