Il suffit parfois à une personne d’avoir une bonne idée pour faire un jeu exceptionnel. Et c’est (heureusement ?) souvent le genre d’idée qui germe au sein d’un studio indépendant, car c’est aussi souvent le genre d’idée que les gros studios trouvent « non rentables » et qui ne verraient alors jamais le jour…
Dans LIMBO on dirige un p’tit gars qui n’a pas de nom (nous allons dire qu’il s’appelle ‘José sans famille’) cherchant à retrouver sa soeur. Alors comme ça, ça a l’air tout gentil tout mignon à base de licornes et de sucreries volantes, mais je me dois que vous dire : que nenni ! Non, rien de tout ça dans LIMBO. Ici c’est plutôt araignées géantes, pièges à ours, cannibalisme et opportunisme morbide. Qui a dit sale ambiance au fond de la salle ? Je t’ai vu. Oui sale ambiance, mais c’est ce qui donne à LIMBO toute sa force.
Les aventures de ce jeune José dans un univers aussi noir et gore a tout de même quelque chose de fascinant et on se pose plein de questions durant l’aventure. Qui sont ces jeunes gens qui nous tirent des trucs dessus et n’hésitent pas à sacrifier leurs compagnons pour essayer de me buter (et pourquoi diable veulent-ils me tataner la face ?). C’est quoi ces limaces bouffeuses de cerveau un peu foireuses qui trainent leurs guêtres ici et là ? Pourquoi quelqu’un a mis un piège à ours dans un arbre ? Ce ne sont que quelques unes des choses qui m’ont tracassées dans LIMBO car oui, oui j’en ai parfois eu marre de recommencer 30 fois le même passage pour comprendre comment bien faire et quel timing avoir.
Mais le jeu veut ça. LIMBO, un peu à la sauce VVVVVV ou Super Meat Boy, ne nous demandera certes pas autant de réflexes que les deux jeux sus-nommés mais au moins autant d’essais pour chaque zone. Et si vous aviez pété un câble sur le tableau Veni, Vedi, Vici de VVVVVV, attendez vous à craquer sur LIMBO. Certes, ce n’est pas aussi exaspérant, mais il y a tout de même une certaine forme de masochisme caché au fin fond de toi, pauvre joueur accroché à ta manette ou ton clavier qui s’obstine à vouloir avancer encore et encore alors que José se fait tirailler, écraser, empaler, brûler et je ne sait quelles autres atrocités encore.
Selon le créateur, c’est un mécanisme voulu (mon poing dans sa face il sera voulu aussi), car LIMBO repose sur le principe du «Trial and Death». J’avoue qu’à la base j’aime pas trop beaucoup avoir a refaire plusieurs fois un niveau pour y arriver. D’une part parce que ça m’enlève un peu la satisfaction de me dire que je suis un putain de génie et que j’ai résolu le puzzle du premier coup. D’autre part parce que du coup, on fini par résoudre le puzzle par à-coups sans trop y avoir réfléchi, ce que je trouve un poil dommage. Certains aimeront la découverte échelonnée des mécanismes du jeu, moi ça m’a un peu fait chier je l’avoue.
Mais ce qui m’a vraiment accroché dans LIMBO c’est son esthétique. Monochrome, dans un décor mélangeant aquarelle, papier découpé et ombres chinoises, LIMBO est beau. Dans sa grande simplicité, il arrive non seulement à rendre moins dure la violence du jeu (non parce que franchement, s’aider d’un petit José noyé pour traverser un lac c’est pas super glop en temps normal), mais aussi à donner au tout un petit côté angoissant, voire un poil diabolique à certains moments. (Quoi de plus étrange et un peu flippant que de ne plus voir que les yeux blancs vides que notre héros José au milieu du noir comme étant à peu près les seuls points de repère pour avancer ? Imagine qu’un Alien décide de débarquer à ce moment là ? Moi ça me flippe un peu…) Très bien réussi aussi la sensation de profondeur dans les décors, très bien exploitée avec l’aide du flou et de la densité des noirs qui donne vraiment l’impression de parcourir un décor — je ne ferai pas l’affront de dire vivant vu le jeu — recherché.
Enfin, l’ambiance sonore est très réussie. Accompagné d’une musique souvent discrète et peu envahissante mais qui aura souvent le don de vous hérisser le poil et de donner une ambiance angoissante au possible, les bruitages variés que l’on trouve dans le jeu sont d’une très bonne qualité et sont souvent dégueu à souhait. Le bruit de José se faisant démembrer par une araignée géante est particulièrement savoureux.
Je conclus donc cet article placé sous le signe du mauvais gout pour les choses un peu gore en disant que LIMBO est un jeu qui mise sur une esthétique très particulière et réussie, qui saura se montrer un bon casse-tête par moment et un platformer accompli à d’autres et qu’il vaut bien la poignée de dollars qu’il coûte.
On aime :
- l’ambiance visuelle noire
- les puzzles souvent prise de tête
On râle sur :
- devoir recommencer plusieurs fois pour trouver la solution
- la certaine lenteur du jeu