par Doude le 22 juin 2012

Cosmic Carnage

Carnage des étoiles, littéralement, à tous points de vue.

Je suis un grand amateur de l’esthétique « cyber » des années 80. L’heroïc-fantasy en slip de cuir peint à l’aérographe, les envahisseurs de l’espace qui ne ressemblent à rien, les personnages hybrides mi-humains mi-bestioles improbables, les collants jaunes et violets à motifs triangulaires et les bandanas dégueulasses dans les cheveux sales des batteurs des vieux groupes de Hard Rock aujourd’hui has been. Le magazine Métal Hurlant et le film du même nom, fiers vecteurs de cette ambiance désuette et délicieuse, dans lesquels se promènent sans complexe des personnages à la peau verte dans des cités de bâtiments sphériques aux murs violets, vous donneront peut-être une idée de ce dont je veux parler. Bon, en 1993, les codes de la SF du futur sombre et sale, déjà bien éclatés en divers genres distincts à l’époque, ont quand même pas mal évolué et on voit plus de bunkers anguleux disparaître dans des lumières crépusculaires et d’humains mutés dégueulasses façon Total Recall que de ptérodactyles roses. J’adore l’un comme l’autre. Alors pourquoi ai-je eu envie de vomir en jouant à Cosmic Carnage ?

Date de sortie: 1993 ou quelque chose comme ça
Genre: Cyber-baston laser disco
Plate-forme: Megadrive 32X

Développeur: Givro
Éditeur : SEGA

... mais si on devait se fier aux jaquettes hein !

Sur la jaquette, c’est pas si mal !

Après y avoir jeté un œil rapide, je pensais retrouver un peu de cette ambiance «Cyber» que j’aime tant. Jugez plutôt: un vaisseau de criminels aliens échappés d’une prison qui éperonne un croiseur militaire, huit survivants, une lutte à mort pour la dernière capsule de sauvetage, on y est, ce pitch débile est un bon début. Hélas, rien ne tient debout dans ce nanar vidéoludique mettant en scène une collection de personnages tous plus moches et anti-charismatiques les uns que les autres. On a, en vrac, une tortue ninja sans carapace dotée d’une tête de fourmi, un singe robotique avec des boules en fer greffées aux avant-bras, un samouraï de l’espace qui s’appelle Naruto (aucun lien de parenté), un plagiat d’Alien à peine dissimulé par un choix de couleurs vomitif, un vague clone de Samus Aran avec des flammes sur la tête et trois autres tout aussi oubliables. Y’en a pas un pour sauver l’autre, ils sont tous à un degré de ridicule à peu près égal. Les choix esthétiques sont une chose, mais là c’est carrément du mauvais goût…

Les décors n’ayant rien à envier à ce character design de qualité, entendez par là qu’ils sont d’une navrante monotonie et d’une kistcherie d’un autre âge, on obtient quelque chose de visuellement très drôle. Une fois passée l’envie de s’arracher les yeux pour les faire revenir à la poêle, on peut en toute tranquillité rire de ce fail – peut-être intentionnel, qui sait ? – visuel et passer à la partie technique. Non parce que je ne vous parlerai pas de la musique, ce vague délire teknoïde basé sur des loops de vingt secondes, oh que non.

Bon, pas la peine de s’appesantir sur le gameplay non plus, il y a deux persos qui se tapent dessus, une poignée de coups spéciaux insortables à base de quarts de cercles au pad qu’il faudra timer sur plusieurs secondes sinon ça marche pas, des hitboxes qui parfois dépassent du personnage, parfois sont inexistantes sur certaines parties de son corps, pas de possibilité de sortir des combos. Les personnages sont globalement très lents et le temps d’exécution des coups couplé à quelques fails de contrôle comme l’impossibilité de se diriger pendant un saut rendent la direction très frustrante. Tout le monde ne peut pas être Mortal Kombat II, mais quand même… La seule véritable innovation de Cosmic Carnage est la possibilité d’équiper certains personnages – les quatre « gentils » militaires – de pièces d’armures sur les bras, le torse et les jambes avant chaque combat. En plus d’offrir une pléthore de nouveaux skins à ces malheureux, du genre cuisses blindées roses ou épaulettes sur-dimensionnées oranges et vertes, ces protections ont divers effets sur leurs capacités: ils seront plus lents et sauteront moins haut mais encaisseront beaucoup mieux, et pourront échanger leurs coups spéciaux de contact contre des trucs plus stylés genre boules de feu ou chocs électriques. Sachant que leurs armures sauteront si elles encaissent trop, leur faisant ainsi perdre le bénéfice de ces coups spéciaux et retrouver la possibilité de ressortir les anciens, on pourrait entrevoir quelques possibilités tactiques si les moves n’étaient pas aussi peu nombreux et difficiles à sortir.

RAAAAAAAAAAH

Mais… mais NON bordel ! C’est quoi ça, un ornithorynque rose à plumes dans un pantalon de tweed vert ?

Les ‘méchants’ quant à eux, n’ont pas accès à cette subtilité et bénéficient donc d’un panel de compétences réduit et d’une résistance constante. Je ne sais pas si c’est un avantage ou un inconvénient et franchement, je n’ai pas vraiment envie de m’appesantir sur une analyse de ce jeu aussi moche que frustrant. Les moves rigolos s’épuisent bien vite et si chaque personnage a bien une façon de jouer bien à lui, les déséquilibres d’allonge et de puissance réduisent le panel de persos jouables à … cinq, et encore, pas dans toutes les situations. Voilà.

Pfff, bon, que dire ? Une fois qu’on s’est bien amusé avec les différentes skins horribles des personnages et qu’on a saisi les non-subtilités du jeu, pas de quoi s’attarder. Dommage, il y avait du potentiel nanar mais on n’a droit qu’à un jeu médiocre, au final. Retourne-donc prendre la poussière sur l’étagère, Cosmic Carnage ! 

On aime:

  • L’esthétique dégueulasse indigne de l’imaginaire du pire dessinateur de comics fantastique des années 70
  • Le système d’armures loin d’être inintéressant mais sous-exploité

On râle sur:

  • La maniabilité
  • La « musique »
  • La pauvreté des décors
  • Le peu de choix de personnages et de coups spéciaux
Un petit dernier screenshot pour la route ?

NioooOOoon je vole en apesanteeEEeeur

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.