Aujourd’hui c’est vendredi, et comme tous les vendredis on fait dans le grand-guignolesque, le pitch improbable, le jeu bizarre bref, on parle de ces perles étranges ou mal-formées qui parsèment ça et là le grand rosaire de l’histoire du jeu vidéo.
Date de sortie: 2001
Genre: Au moins trois différents mais un peu pareils quand même
Plate-forme: PC, PS2. Testé dans sa version PC.
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Éditeur: Interplay
Développeur: Planet Moon
Giants: Citizen Kabuto est l’un de ces jeux qui partent tellement dans tous les sens qu’ils en deviennent géniaux. Voyez plutôt: cinq beaufs galactiques (genre space cow-boy excités de la gâchette) partent en vacances pour une planète balnéaire peuplée de vahinés tentaculaires mais s’échouent sur un caillou sauvage en cours de route. Les Smarties (wé, en vrai), petits martiens locaux, leur demandent de l’aide pour sortir du cruel cycle d’esclavage que leur ont imposé le peuple des Marines, leurs voisins subaquatiques qui eux-même ont fui les profondeurs à cause d’un gros monstre qu’ils ont construit eux-même mais qui veut les manger. Il y a aussi une princesse rebelle, un mystérieux maître du Kung Fu libidineux, un vieux qui meurt de temps en temps et, euh, plein de trucs comme des vers des sables ou des ornythoptères qui n’ont aucun sens mais sont tellement cools, alors bon ils sont dans le jeu.
La campagne solo nous propose de jouer chacune des principales factions à tour de rôle: les Meccaryns (entendez par là, les cinq Josés de l’espace), les Marines, en la personne de la princesse topless qui fait de la magie, et Kabuto, le monstre titanesque qui ne comprend pas bien les enjeux géopolitiques qui se trament sur son île mais qui a un peu faim.
Chaque faction possède une interface et un gameplay unique. Ainsi, on dirigera un Meccaryn en vue à la troisième personne dans des phases de plate-forme au jetpack et des fusillades dans lesquelles on pourra donner des ordres à ses quatre compères comme on le ferait dans un Mass Effect (si tant est que cette comparaison tienne la route, vu l’ancienneté du bestiau). On peut aussi à tout moment switcher en vue à la première personne pour fragger allègrement avec l’une des 8 armes de cette faction – plutôt classiques comme le pose-mines ou le blaster. Du défouraillage au menu donc, mais aussi un peu de stratégie puisque certaines missions nous proposent de construire une base et de développer des améliorations technologiques pour étoffer notre arsenal tout en tenant bon face aux assauts de la faction adverse des Marines en érigeant murs et tourelles. On se servira à cette occasion des Smarties locaux comme d’une main d’œuvre bon marché (mais syndiquée) qu’il faudra aller capturer sur la map, ramener en vie ce qui n’est pas facile car ils sont bien cons et la faune locale bien vorace, pour enfin les mettre au travail. Tant qu’on y est, on devra aussi aller chasser des troupeaux de tiques géantes (désolé, c’est tout ce que ces trucs m’inspirent) pour en ramener la viande afin de nourrir lesdits Smarties qui se seront probablement fait enlever par une escouade ennemie dans l’intervalle !
Cette variété dans le gameplay n’est pourtant pas le moins du monde handicapante: tout est relativement fluide, et on finit par admettre une certaine logique dans les mécanismes.
L’histoire, en soi assez peu intéressante, est servie par une variété de cutscenes toujours plus débiles et une collection de personnages qui, sans être mémorables, auront au moins la gentillesse de nous faire marrer. Okay, de me faire marrer. J’ai beau avoir un sens de l’humour assez particulier, j’ose espérer que quelque part, dans le monde, d’autres ont ri aux grasses pitreries de ces touristes vindicatifs et du papi incontinent qui leur sert de faire-valoir !
Par la suite, on incarnera Delphi, belle ondine en lowpoly qui fait de la magie, dont la poitrine découverte (sauf dans le portage Slovaque, ces gens ne savent décidément pas s’amuser) sera le sujet de nombre de running jokes à la hauteur du niveau de subtilité du jeu. Si le déplacement à la troisième personne est toujours de mise ici, l’orientation plate-forme laissera la place à quelque chose d’un poil plus action-RPG. En effet, Delphi compense le manque de lance-roquettes dans son arsenal par une petite collection de sorts améliorables du genre ward de ralentissement, turbo et tornade géante. L’utilisation d’un sabre et d’un arc en lieu et place des habituels fusils achèvent la transition, bien qu’il manque quand même une gestion des XPs et de l’inventaire.
On finira la campagne par des missions sous la forme d’un gros machin à la couleur indéfinissable, le Kabuto. Pas d’armes, pas de base fortifiée, mais quelques centaines de mètre de hauteur de plus que le Smartie moyen et la possibilité de broyer tout ce qui se dresse sur son chemin avec moult ricanements. Qu’importe que les petites gens veuillent vous tuer lorsqu’il suffit de les manger pour remplir votre barre de vie !
Et vous ne savez pas le plus beau ? Il existe un mode multijoueur ! On peut jouer à ce truc jusqu’à cinq, partout dans le Monde ! Défourailler, trancher allègrement, manger tout le monde et spawner des petits Kabutos, ou simplement s’asseoir derrière une tourelle en shoutant des injures dans le micro, des heures de nonsens. Car oui, vous trouverez encore des joueurs pour disputer une partie, même onze ans après sa sortie. Complètement dingue, je vous dis.
Un petit mot sur l’aspect graphique, qui pique les yeux aujourd’hui sur nos écrans HD mais qui, en 2001, pouvait se targuer d’être au top et s’offrir en prime un moteur 3D d’une rare fluidité. Le design est assez inégal, voire complètement incohérent mais hé, on s’en fout: c’est vendredi, et c’est un jeu estampillé WTF !
Celui-là, je ne regrette pas de l’avoir descendu de son étagère tiens. Ça fait toujours autant plaisir de jouer à un jeu dans lequel on sent qu’il y a eu du fun côté créateurs ! Marrant, original, avec un gameplay multifacettes, Giants: Citizen Kabuto a un nom de merde mais vaut son pesant de cacahuettes. Pas exempt de bugs pourris et de défauts divers, on les lui pardonne cependant avec le sourire et une grande claque sur le dos avant de le reposer sur l’étagère une fois l’expérience finie.
On aime:
- Les personnages débiles et leur voice-acting
- Action, plate-forme, un peu de stratégie, un peu de FPS, tout ça en un soft
- Pas prise de tête pour un sou, prenant malgré tout !
On râle sur:
- La maniabilité bancale dans certaines phases de plate-forme
- La campagne de Kabuto, répétitive