par Sébastien le 15 mars 2012
 

Dragon Age II

Retour au pays de l'ellipse !

Comment vous parler de mon expérience avec Dragon Age 2 ? C’est un sujet aussi épineux que la queue d’une manticore, ce n’est donc pas peu dire. Et je parlais de son appendice caudal bien évidemment bande de petits pervers ! Mon périple à travers ce jeu est semblable à celui de Dante dans la Divine Comédie. C’est donc ainsi que je vais vous le compter.

Date de sortie: 11 Mars 2011
Genre: Hack’n’RPG bordélique
Plate-forme: PC / Mac, PlayStation 3, XBOX 360

Développeur: BioWare
Editeur : Electronic Arts

Chant I
Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant’è amara che poco è più morte;
Vous y avez cru, non ? Bon, je vous rassure, je vais pas rester sur ce délire là. Déjà, de un, je connais pas un mot d’italien, et puis en plus j’ai pas vraiment la foi de vous faire un texte en 100 chants pour vous raconter ma déception aux dimensions homériques — oui je passe de la poésie médiévale italienne à la tragédie grecque antique ! J’suis comme ça moi ! –. Par contre, je vais quand même vous faire une belle liste en 9 cercles pour vous raconter ma remontée des bas-fonds de ce que la production video-ludique à gros budget a fait de pire l’année dernière. Comment ça j’exagère ? Oui, eh bien c’est mon boulot, c’est moi le troll du blog alors je râle, j’exagère et je joue de mauvaise foi si je veux ! Non mais !

Cercle 1 : les Limbes

Tout d’abord, commençons par expliquer ce que sont les limbes. Les limbes, c’est un peu cet endroit gris, indéfini, grand et sans point de repères. C’est cet endroit où l’on peut errer des heures et se perdre dans sa texture brumeuse. Pour moi dans Dragon Age II, les limbes c’était l’histoire. Ou devrais-je dire, l’histoire qui se déroule à mon insu. Parce que oui ! Dans DA2, qui est sensément je vous le rappelle un jeu de rôle — donc où l’on vit une histoire –, on a des ellipses temporelles comme ça, pouf pouf ! Vous allez me dire, c’est pas bien grave. Oui mais ! Quand en moins de 3 heures de jeu, on a déjà fait 2 ellipses gigantesques de quelques mois et d’une année complète — oui oui ! –, on a tendance à crier un peu au foutage de gueule. D’autant plus quand tous les personnages que l’on rencontre ensuite viennent vous dire quelles grandes aventures merveilleuses ils ont vécues avec vous durant ces ellipses, ou bien quand l’un des antagonistes principaux sort d’une de ces ellipses — « mais si rappelle toi quand on s’est battu contre les pirates, lui c’était le méchant capitaine. Comment ça tu t’en souviens pas ? » –.

Moi je trouve ça un poil abusé quand même...

Moi je trouve ça un poil abusé quand même...

Cercle 2 : la Luxure

Les armures féminines sont beaucoup trop sexy ! C’est très dégradant ! Quelle image des femmes ce jeu veut-il donner ? Sont-elles des esclaves sexuelles soumises à tous les désirs pervers des forgerons médiévaux qui font des bas en mailles de fer et des bustiers en acier trempé ? — J’ai pas de points objectifs sur lesquels taper dans cette catégorie, alors je me contenté d’être absolument subjectif et hors-sujet –.

Cercle 3 : la Gourmandise

J’imagine bien le speech d’intro du projet chez le développeur quand ils ont préparé DA2. Ils ont dû se dire qu’ils avaient cartonné avec le premier, que les joueurs étaient à fond derrière eux et qu’ils réclamaient à corps et à cris un nouvel opus. Mais seuls les hardcoreux du RPG allaient suivre. Alors ils se sont dit qu’ils allaient faire plus simple et édulcorer tout ça pour les n00bs. Bah oui, comme ça, ils vendront plus de jeux et pourront s’en mettre plus dans leurs grosses poches grasses. Allez zou ! On vire les trucs un peu trop compliqués. On vire les choix. On vire la gestion d’équipement un peu poussée. Les PNJs ? Inutiles, on vire, et on laisse juste quelques clampins qui peuvent a peine parler. Une map à explorer ? Qui a besoin de ça, allez hop! Prends moi cette carte de la ville, fais des quartiers. 3, 4, 5. Parfait 5 zones ! — à peine plus en réalité –. Des chemins pour rejoindre les différentes zones ? Nan c’est relou ça aussi, nan fait plutôt du fast-travel via la carte, ils vont aimer ça les joueurs.

Donc les 4 zones et demi de la ville du jeu

Donc les 4 zones et demi de la ville du jeu

Cercle 4 : l’Avarice

On sent dans DA2 une petite faiblesse niveau graphique. Râlez-pas, j’y ai joué sur XBOX360, normalement c’est censé être beau — j’te vois venir toi le troll PC-iste au fond, oui un jeu peut être beau sur 360, preuve en est avec Battlefield 3 –. Donc là, c’est quand même assez moyen. On est clairement en dessous de ce à quoi on peut avoir droit avec Mass Effect alors qu’on est toujours chez BioWare, ça la fout un peu mal. Les textures sont manifestement bâclées, les animations n’en parlons pas !

Cercle 5 : la Colère

Les combats sont un élément important du jeu, ils méritent certainement notre attention. Le système de combat est assez simple à prendre en main, et de fait vous n’avez que 6 slots dans votre barre d’action. On pourrait croire comme ça au débauché que c’est beaucoup. Oui, enfin. C’est à dire que durant un combat on va en utiliser 3 voire 4. Le reste du temps, on va le passer à recharger ses pouvoirs et à spammer le bouton d’attaque standard. Au final, l’ensemble des combats sont plutôt monotones. On tape, on utilise ses compétences, parfois on se soigne, et on retape. On ne sent ni véritable défi, ni grosse implication — les haters diront que je me sentais comme devant un combat de Final Fantasy XIII, en appuyant sur «Auto» en permanence, et ils n’auront pas vraiment tord –.

Et là le reste de la carte. Oui c'est tout cherchez pas plus loin.

Et là le reste de la carte. Oui c'est tout cherchez pas plus loin.

Cercle 6 : l’Hérésie

Quelle est la plus grande hérésie possible dans un jeu de rôle digne de ce nom, surtout lorsque l’on s’appelle BioWare ? Le fait de faire des couloirs ? De répéter des donjons ? De bâcler les dialogues ? Non ! La véritable hérésie dans DA2, c’est la linéarité. Quand est-ce que mes actions ont un sens ? Quand l’histoire devient intéressante ? Quand est-ce qu’on mange ? Quand suis-je impliqué ? Déjà le fil directeur de l’histoire n’implique pas tellement le personnage — «Allons explorer les bas-fonds du monde pour récupérer des richesses», putain mec, tu t’es fait chier pour me trouver une raison valable. Je ne suis donc qu’un vulgaire mec pilleur de trésors ? –, mais en plus j’ai eu la désagréable impression de ne pas pouvoir en dévier d’un pouce. Entre ça, et le fait qu’il n’y ait que 3 classes de personnages peu customisables…

Cercle 7 : la Violence

Ah ! La violence ! Omniprésente dans Dragon Age 2. Et quand je dis omniprésente je n’exagère pas. C’est à dire que pour un jeu BioWare, on est à des années-lumières de leurs autres titres. Je crois qu’à aucun moment on n’a la possibilité de faire une mission sans avoir à se battre contre environ 54 vilains. Pourtant, la base d’un jeu BioWare, c’est pas qu’on puisse discuter pour se sortir d’une situation avant d’avoir obligatoirement à se bastonner ? Manifestement ici non…

Cercle 8 : l’Arnaque

Je vous parle des DLC à 10€ qui comportent tous les défauts du reste du jeu ou j’ai pas besoin d’en remettre une couche ?

Avouez qu'en 2011 y'avait quand même moyen de faire mieux…

Avouez qu'en 2011 y'avait quand même moyen de faire mieux…

Cercle 9 : la Traîtrise

Bref, je me suis senti floué quand j’ai acheté Dragon Age 2. Je parcourais tranquillement les rayons de mon magasin d’occasion préféré ( petite parenthèse : si vous faites un tour vers République à Paris, y’a quelques magasins avec des vieilleries pour consoles 8 et 16 bits, à ne pas manquer :p ), quand j’ai vu DA2. Me suis dit cool un jeu BioWare, forcément bien, insta-buy. DOUCEMENT MALHEUREUX ! Me suis retrouvé avec une bouse dans les mains, j’en pleure encore rien qu’à l’idée d’avoir dépensé de l’argent pour ce jeu. Si j’avais su j’aurai acheté Mass Effect 2 à la place — Nan j’y ai toujours pas joué, j’vous zut tous –.

On aime :

  •  La direction artistique générale qui a quand même trouvé de bonnes idées, notamment au niveau des armures et costumes qui sont réussis.
  •  Les dialogues entièrement doublés
  •  La simplicité de la prise en main

On râle sur :

  •  la VF horrible ( et le fait qu’on puisse pas avoir la VO sur 360 )
  •  les graphismes généralement moyens
  •  le fait que ce soit hack’n’slash alors qu’il est vendu comme un RPG
  •  les ellipses temporelles de merde
  •  le scénario inintéressant
  •  la désagréable impression d’être toujours paumé et de ne pas savoir pourquoi on fait telle ou telle chose.

On aime


On râle sur


Sébastien, à la base, c'était le mec qui devait développer Goreroll. D'ailleurs, c'est le mec qui a développé la première version de Goreroll. Même qu'il a fait quelques articles. Puis il a sombré dans les méandres du scoutisme et de la politique. Depuis personne ne l'a vu... En tous cas, nous on ne l'a plus vu !

http://sebastienbartoli.com