par Doude le 13 février 2012

NecroVisioN

Nanar vidéoludique assumé.

NecroVision. Je n’ai pu réprimer un haussement de sourcil dubitatif face à ce titre improbable et la jaquette d’une kitscherie Evil Dead-esque qui l’accompagnait lorsque la boîte s’est retrouvée dans mes mains au détour du rayon « jeux pas cher » de la FNAC. Je n’ai pas pu résister à l’appel du nanar potentiel.

Date de sortie: 27 février 2009
Genre: FPS gazé
Plate-forme: PC

Éditeur: 505 Games
Développeur: the Farm 51

 

Alors forcément, en lançant le jeu, je m’attendais à une bonne vieille bouse risible et en un sens, je n’ai pas été déçu: NecroVisioN m’a bien fait rire, mais pas pour les raisons attendues. Des zombies au beau milieu de la Grande guerre de 14-18, des forces surnaturelles à l’œuvre essayant de prendre le contrôle du Monde, des situations tout à fait improbables où trolls façon Terre du Milieu et démons se bousculent pour faire la peau du Yankee crétin que l’on incarne, on tient là un FPS débilo-surnaturel qui ne tient pas du tout la route mais reste tout à fait décent parce que bon, l’essentiel c’est quand même d’avoir du fun à dégommer des vagues d’ennemis stupides, le reste importe peu.

Sorti en 2009 et utilisant un moteur graphique vieillissant, NecroVisioN n’est pas super beau mais les parti pris graphiques intelligents donnent envie de pardonner beaucoup de choses. Entre les tranchées baignées de brume et les couloirs de l’Enfer comme à la maison, y’a de quoi se régaler, d’autant qu’en bon nanar NecroVisioN (c’est chiant ce truc avec les majuscules, j’écrirai sans à partir de maintenant si ça ne vous dérange pas) ne s’embarrasse pas d’un quelconque souci de vraisemblance. Tant que c’est joli, ça passe!

Post-apo like !

Petite ambiance de fin du monde.

L’approche du concept « FPS » est elle aussi assez unique. Là où un jeu sensé nécessite un minimum de précision et de concentration (même dans un Serious Sam), Necrovision pousse le joueur à aller au contact, ou du moins à se rapprocher le plus possible de l’ennemi pour se le farcir à la baïonnette, à la pelle ou à la moufle en fer, les armes à feu se révélant souvent inefficaces à longue portée. Ce qui peut paraître bizarre, je sais, mais on a déjà dit que la logique ici, on s’en tape. Le but reste grossièrement toujours le même: survivre à des vagues d’ennemis façon chair à canon, se faire le boss, passer au niveau suivant, se faire un boss plus gros. Une ébauche de scénario tente bien de donner un sens à cette balade qui nous mènera de Verdun au fond de l’Enfer, mais une fois encore Necrovision assume bien son esprit Nanar et le réduit au strict minimum – l’équivalent du script de Megashark vs Giant Octopus, vous voyez le genre – pour nous laisser tranquillement nous concentrer sur du pur charcutage non-stop. Pour ce faire, on a droit à un système de combos assez obscur mais néanmoins efficace: enchaîner des coups spéciaux remplit la barre d’adrénaline, pis une fois pleine on peut enchaîner un, deux, dix fatalities du genre lancer de baïonnette, boule de feu ou arrachage de tête, leur nombre maximum dépendant d’objets spéciaux trouvés ça et là (sans aucune logique non plus).

Wait, des combos dans un FPS? Ça m’a intrigué aussi au début mais en fait, c’est simple: une balle dans la tête, c’est un coup spécial. Une décapitation à la baïonnette aussi, ainsi qu’un enchaînement de coups de pieds et à peu près n’importe quelle action un peu fun. Mettons qu’on ait mille zombies dans une ruelle, si on attaque le premier en lui mitraillant le torse, que l’on en fait sauter trois à la grenade et qu’on s’en fait un dernier à coups de pieds façon Duke Nukem, paf, on vient d’exécuter un combo et il n’y a plus qu’à lâcher le fatality. Ce système, anecdotique dans les premiers chapitres, devient vite l’élément de gameplay funky qui renouvelle l’expérience de jeu après que notre Yankee de personnage ait trouvé le gant de Nécromancien dont on nous rebat les oreilles dès le début du jeu.

Pardon, la Moria c'est par où?

Un troll sorti tout droit du Seigneur des Anneaux.

Tout ça est effectivement bien fun, surtout lorsqu’il s’agit de s’amuser avec des meutes de bestioles tordues ou des boss gigantesques et abusés, mais ça le serait encore plus sans l’irréductible quota de défauts merdiques qui plombent le plaisir (il y en a toujours) sans lesquels rien ne serait possible. C’est vrai quoi, s’ils n’étaient pas là, j’aurais moins matière à râler comme un vieillard alcoolique en période de sevrage et ça ne serait plus drôle. Déjà, comment voulez-vous courir efficacement avec un personnage qui trébuche sur chaque caillou dépassant un peu du sol? La plupart des objets ont une espèce d’effet répulsif qui donne parfois l’impression d’être une balle de flipper et c’est assez relou. A cela s’ajoute une surabondance d’effets visuels pas toujours heureux – flou cinétique, tremblé abusif de la caméra, particules à foison – qui rendent une action bordélique complètement illisible. Que ça parte dans tous les sens, c’est plutôt jouissif mais trop, c’est trop. Les cutscenes enfin, sont sympathiques et participent à l’ambiance mais ne sont pas franchement essentielles, surtout lorsqu’elles coupent net l’action. On n’est pas là pour mater un film, bon sang ! Elles ont au moins l’avantage non négligeable de bénéficier d’un doublage français de qualité, entendez par là que les accents des personnages Allemands et Anglais sont doublés avec une rare conviction dont l’effet caricatural est du meilleur goût dans cette ambiance série B à gros budget !

Côté multijoueur, on a droit au strict minimum et de toute façon y’a plus de serveur officiel donc c’est vite plié. Sinon, on a la possibilité de rejouer les niveaux de l’histoire en mode « défi » pour ajouter des armes à l’inventaire de façon permanente. Les défis qui induisent des zombies et des headshot sont très divertissants, mouah ah ah.

Bourrin, joli, « viscéral », comme on disait en 1999, marrant parce qu’il ne se prend pas au sérieux, Necrovision se savoure avec un casque à bière et la BO de Resident Evil (le nanar, pas le jeu) en fond sonore. Dégommer du zombie dégueulasse le soir, après avoir côtoyé les vrais zombies, ceux du métro, c’est toujours bien agréable.

On aime:

  • L’ambiance dark carton-pâte
  • L’action non stop
  • Le système de combos bien pensé
  • L’arsenal mêlant machins vampiriques improbables et armes historiquement crédibles

On râle sur:

  • Trop de bordel à l’écran !
  • Saoulant à la longue
  • Le personnage qui trébuche comme un estropié sur le moindre caillou

 

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.