Pendant des années, les détracteurs de tous poils du jeu vidéo se sont acharnés. Famille de France s’insurgeait contre le manque de civisme de GTA, et les psychologues trouvaient les jeux abrutissants. Que nenni docteur, il y en a certains qui sont éducatifs ou presque, comme Evo : Search for Eden, par exemple.
Date de sortie: 19 Décembre 1992 (Japon)
Genre: A-RPG anti-créationnisme
Plate-forme: Super Nintendo
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Développeur: Almanic Corp.
Éditeur: Enix
Ou presque. Evo, appelons-le ainsi, cet adorable RPG très alternatif a vu le jour sur Super Nintendo, ça me ramène des années en arrière. Le jeu se propose de faire vivre au joueur les siècles d’évolution qui ont rythmé les origines du monde. Démarrant comme un petit poisson un peu ridicule vous pourrez évoluer petit à petit jusqu’à devenir un mammifère de plus ou moins grande taille. Pas d’inventaire, vous n’avez pas de poches, pas non plus de forge ou d’artisanats, mais de l’évolution pure. En avançant dans le jeu et à force de grignoter ce qui nous passe sous le croc, il est possible de débloquer des évolutions pour nager plus vite, agrandir sa mâchoire ou posséder une corne. De quoi faire mourir un créationniste d’un infarctus.
Contrairement à leur crédo, la banane n’est pas un fruit divin (même si elle relève du génie) ! Une fois la théorie de l’évolution acceptée, il est possible, dans Evo, de faire des choix avec un impact sur le gameplay réel. Privilégier une corne face à une mâchoire change fondamentalement la façon de jouer. Il en va de même sur la taille de votre créature. Une grosse bestiole sera plus résistante mais aura plus de mal qu’une petite à se faufiler pour éviter les canines avides de ses prédateurs naturels.
La loi qui régit le monde à cette époque de chaos est encore celle du plus fort, et les créatures les plus évoluées et les plus puissantes seront, bien sûr, celles qui s’en sortiront le mieux. Si le jeu ne révolutionne pas le genre par ses contrôles, il s’agit d’un A-RPG plutôt bien fait, et sûrement d’une tentative de concurrence au Mystic Quest de Square ou au Zelda de Nintendo (l’avenir verra finalement Enix et Square s’unir face aux autres géants). On se déplace, on explore des niveaux assez linéaires, il faut bien l’avouer, et on attaque ses ennemis.
Pas besoin vraiment de PNJ non plus, les autres sont des ennemis ou des proies faciles, vraiment la préhistoire n’est pas faite pour sociabiliser ! Après avoir vagabondé dans les océans pendant quelques temps, Gaia intervient et un portail temporel nous entraîne dans l’avenir, à une époque où la vie émerge, une époque où nous jouons un amphibien. Une belle grenouille sautillante et risible.
Le gameplay évolue donc lui aussi en fonction de l’époque et des évolutions. Les rares interactions « sociales » présentes dans le jeu se feront avec les rares boss et quelques objets particuliers. Et au lieu d’interaction, il s’agit d’un monologue que notre avatar écoute tendrement. Evo c’est avant tout une promenade à travers les âges, une façon ludique de découvrir les méandres de l’évolution. Bref, Evo est une sorte de jeu cinématique avant l’heure, bien avant l’heure. Evo c’est aussi SPORE avant l’heure. Un jeu précurseur et assez peu connu, finalement.
On déplore bien sûr, à notre époque, la pauvreté de certains décors, les niveaux qui constituent de longs, très longs couloirs. Nous aurions a-do-ré pouvoir découvrir ce jeu avec une grande carte, comme dans un Zelda. Et si la vue de profil se montrait gênante pour cette application, avec de grands bassins, comme dans un Ecco the Dolphin. Les graphismes enfantins et sympathiques ne sont pas non plus à la hauteur de ce que propose le cétacé de Sega.
En fait, Evo est un très bon jeu, indéniablement, et toute personne qui l’aurait essayé ne serait-ce qu’une fois ne me contredira pas. Mais il fait tout de même face à une faiblesse principale : il repose presque intégralement sur son concept. Passé le côté agréable, un peu tamagochien, du plaisir de faire évoluer son amibe en rat mangeur de tigres, le jeu s’essouffle un peu. Mais pour l’époque, il était franchement bon. Un voyage sympathique mais court à faire au moins une fois !
On aime :
- Le concept
- Les différentes évolutions
- Farmer pour le plaisir d’avoir une grande bouche
- Les animations rigolotes
- Le voyage
On râle sur :
- La linéarité
- La répétitivité
- La durée de vie d’environ 5h
Gaia aux cheveux bleus a dit :Je suis l’héroine d’Evo et même si tout le monde s’en fout, le poisson commence avec ma couleur de cheveux. Bon un amphibien bleu aurait été abusé du coup je lui ai mis la couleur des poils de Zeus. En tous cas, c’est un bon jeu et je suis l’héroine.
PS : Dans mon coeur, ce jeu à 5/5