Abobo’s Big Adventure, c’est un hommage, un cri d’amour vibrant lancé à la console NES par des développeurs dont les yeux humides de veaux tristes déversent des torrents de niaise vénération à la face du monde. Le produit fini est très drôle.
Date de sortie: 11 janvier 2012
Genre: Arcade / Plate-forme / Baston / Shooter / Action-aventure et plus encore
Plate-forme: Navigateur
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Développeur: Team BOBO
Bon, mettons les choses au clair tout de suite: moi, la NES, je connais pas. Je ne suis pas l’un de ces survivants d’un prétendu âge d’or du gaming où tout était mieux, plus dur, plus long (hum) maladivement nostalgiques de ces jeux moches. Pourquoi c’est moi qui écrit l’article et pas Sébastien alors? Parce qu’éditorialement parlant, c’est plus amusant d’avoir le point de vue d’un béotien, et que de toute façon, le singe en question aurait été incapable d’une quelconque impartialité, tout plein qu’il est de ses souvenirs d’enfance!
ATTENTION, disclaimer, spoiler alert et toutes ces sortes de choses: si vous appartenez à la famille des vétérans cités plus haut, je vous conseille de jouer au jeu avant de finir de lire cette review (mais promettez-moi de revenir, je suis payé à la ligne lue) car une bonne partie du plaisir, pour les connaisseurs, se trouvera dans la découverte progressive des niveaux. Si vous n’avez jamais touché une NES en vrai, ce qui va suivre ne vous dira de toute façon pas grand-chose et Abobo’s Big Adventure sera pour vous, comme il l’a été pour moi, une porte d’entrée vers ce monde sublime. Pour jouer, c’est là que ça se passe. Fin du disclaimer, revenons aux choses sérieuses!
Le jeu nous propose donc de prendre les commandes d’Abobo, qui est à la fois un boss de fin de niveau du jeu Double Dragon, une montagne de muscles stupide, et l’un des méchants les plus ridicules de l’histoire du cinéma (voir Double Dragon, le nanar). Son fils, Aboboy, s’est fait kidnapper par de mystérieux malfrats pour un motif obscur. Le géant moustachu se lance donc à sa poursuite dans une série de niveaux tirés des titres les plus marquants de la console citée plus haut. On commence d’ailleurs par une copie du premier niveau de Double Dragon, où il s’agira de castagner tout le monde à coups de poing ou de pied voire de barils d’essence. Une copie quasiment conforme puisque l’on retrouve les mêmes décors et ennemis, à la différence qu’une distorsion dans l’espace-temps y a fait pénétrer des sprites tirés d’autres jeux passés ou futurs! On retrouvera, en vrac, des goombas, les espions de Spy VS Spy, des Shy Guys et autres tortues ninja un peu partout dans le jeu. Tu m’étonnes que les vétérans soient comme des fous: c’est un peu comme retrouver un vieux jouet à chaque fois qu’ils reconnaissent un personnage! Pas de quoi s’extasier non plus si on se contente de rejouer à Double Dragon avec des personnages rigolos, me direz-vous. Certes. C’est là qu’intervient tout le génie de la chose: la transition vers un autre jeu.
Ben oui, Abobo voyage de jeux en jeux, chacun des neuf niveaux s’accompagnant d’un changement radical de gameplay. On commence par Double Dragon et on termine par Punch Out, en passant par Super Mario, Urban Champion, the Legend of Zelda, Balloon Fight, Pro Wrestling, Contra et Megaman. Et c’est à chaque fois un peu plus du grand n’importe-quoi, Abobo s’efforçant de démolir les mythes et les visages de ses adversaires dans la foulée, sa grande passion étant, je le rappelle, la baston de rue dans sa forme la plus débile et jouissive. La seule constante, c’est la barre de « rage » qui se remplit au fur et à mesure qu’Abobo distribue des mandales (et se vide lorsqu’il en reçoit) pour délivrer un coup spécial dévastateur en fonction du personnage qu’il incarne!
Les cinématiques à l’humour potache tartiné de gras rajoutent une couche d’absurde par dessus une storyline bordélique qui n’est de toute façon là que pour le lol, donc on se marre. Enfin, pas toujours: quand on est n00b, on prend cher! En effet, Abobo’s Big Adventure conserve toutes les caractéristiques des jeux repris dans ses niveaux, ce qui inclut tout ce que la NES avait de gameplay approximatif, de hitboxs invisibles, de musiques insupportables et de passages injouables (exemple au hasard: Balloon Fight). On passera sur l’aspect visuel, parce que ça fait quand même partie du concept du jeu, et que les animations sont cute comme tout. Il n’en reste pas moins que c’est hyper dur pour le commun des mortels et pas toujours accessible, à l’image de ce passage dans le niveau Contra où le jeu me demande de saisir un code à la manette pour avoir plus de vies… ben, je le connais pas moi le code, pis même si j’avais joué à Contra étant môme, je ne m’en souviendrais pas! C’est vraiment fait par des hardcore gamers pour des hardcore gamers, ce truc. Un vrai challenge, quoi!
Bac à souvenirs pour les vieux de la vieille, porte d’entrée pour les incultes qui se demandent comment on peut s’extasier devant d’immondes bouillies de pixels injouables, Abobo’s Big Adventure a le potentiel de faire marrer tout le monde, c’est l’essentiel!
On aime:
- Le joyeux imbroglio de sprites
- Tout est tellement débile que ça en devient jouissif!
- Se promener dans des jeux mythiques
On râle sur:
- La difficulté frustrante (on peut pas vraiment râler là dessus, c’est lié aux standards de l’époque. Mais j’aime bien râler)
- Les musiques insupportables
Le mot du troll: Ce jeu est d’une malhonnêteté incroyable. Déjà il copie tous les autres jeux de la NES, jusqu’aux musiques ! J’ai entendu du Mario, et j’ai tapé contre des personnages de Bad Dudes vs Dragon Ninja ! En plus, le jeu commence en tuant un chat ( créature sacrée des interwebz ) , je me suis fait Rick’roller par un trophée à la con et j’ai perdu toutes mes vies dans un niveau pourri en me faisant bouffer par des poissons, alors que je sortais d’un tuyau dans lequel je venais de me faire aspirer en mode Futurama.
Plein de plagiat, deux boutons pour jouer, on se croirait revenu à l’époque de la NES alors que merde ! On est en 2012 !