par Doude le 10 mars 2013

Core Online

Un modèle alternatif pour le jeu en ligne?

Ça bosse dur chez les éditeurs pour trouver le modèle de distribution des jeux vidéo de demain. Entre la prolifération des plate-formes de téléchargement et la multiplication des jeux en ligne free-to-play au succès souvent mitigé, il manque encore une véritable offre d’abonnement pour jouer à la demande. Square Enix a fait un pas en avant avec la bêta de sa plate-forme Core Online.

« Jouer à la demande », dans l’absolu, ça serait payer un abonnement au mois ou à l’année pour choisir des jeux dans un catalogue sans avoir à les acheter au détail. Bon, en vrai c’est pas près d’arriver vu la merde que c’est au niveau de la distribution des droits d’auteur et des différentes législations dans les pays du Monde sans parler de la bonne volonté toute relative de certains éditeurs. En attendant, on voit naître des modèles alternatifs intéressants.

La plate-forme de Square Enix propose un deal simple: créer un compte et y créditer du temps de jeu à utiliser dans les jeux disponibles dans le catalogue Core Online. Comme on joue via son navigateur internet (dans le Cloud, sans doute…), exit l’installation, il est tout à fait possible de jouer cinq minutes à un jeu puis le lâcher pour passer à un autre si ce dernier ne nous plaît pas. Et comment qu’on crédite du temps de jeu, hmmm ? En matant des pubs. Se taper une vidéo de deux minutes donne droit à quelque chose comme 20 minutes de jeu, façon Youtube. On adhère ou pas. Moi qui ne porte pas le concept de publicité dans mon petit coeur flétri, j’apprécie de pouvoir jouer sans débourser un kopeck en lançant toutes les pubs les unes après les autres d’une main tout en élevant des pokémon de l’autre (ou en lisant Sartre selon l’humeur). Il reste possible d' »acheter » les jeux pour le prix de 5 à 10 boules, comprenez par là dégager le décompte des minutes pour un accès sans coupure pub. Le découpage des jeux en niveaux, pour alléger les temps de chargement, peut aussi laisser perplexe quant à l’ajout futur de jeux plus ouverts, moins linéaires que ceux en catalogue, et laisse craindre l’apparition d’un modèle les-dix-premiers-niveaux-sont-gratuits-mais-si-tu-veux-voir-la-fin-du-jeu-va-falloir-sortir-la-carte-bleue. Qui vivra verra.

Le catalogue Core Online est pour le moment tout petit et pas très très fou, puisqu’il ne compte que quatre (vieux) jeux: Tomb Raider Underworld, Mini Ninjas, Hitman: Blood Money et Lara Croft & the Guardian of Light. Que des jeux d’Eidos Interactive, tiens*. Gageons que si l’expérience est un succès, la plate-forme se verra enrichie de titres plus récents. Restera la question des performances techniques, pour l’instant très correctes sur ces titres qui commencent à dater malgré quelques rares temps de latence ponctuels.

Oh voui Lara, j'aime tes pixels en maillot de bain.

On peut aussi jouer en full-screen, bien entendu.

Pour l’instant encore à l’état de laboratoire sans doute surveillé de près par une nuée de marketteux, Core Online explore des pistes alternatives intéressantes aux modèles actuels. Je suis curieux de voir jusqu’où tout ça va aller, et qui sait, si cette façon de jouer deviendra la norme à l’avenir.

NB: L’expérience Core Online fut un échec commercial et dut fermer ses portes en novembre 2013. C’est aussi le nom d’un MMORPG Coréen, maintenant. Voilà voilà.

*Square Enix a racheté les studios Eidos Interactive en 2009 pour en faire Square Enix Europe.

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.