par Doude le 26 juin 2012
 

Escape Goat

Puzzle satanique

« Ah tiens Doude, j’ai un jeu pour toi tu vas kiffer ! » Quand votre rédac’ chef vous dit ça, il y a deux cas de figure possibles: ou bien il va vous refiler une infâme merde dont personne n’a voulu faire le test, ou bien il fait confiance à votre expertise dans un domaine particulier pour tirer du soft une critique éclairée et pertinente.

Date de sortie: Novembre 2011 sur XBLIG
Genre: Puzzle Platformer de la mort
Plate-forme: XBLIG, PC

Développeur: Magical Bean Team

En l’occurrence, ni l’un ni l’autre: si j’ai hérité d’Escape Goat, c’est juste parce qu’on y joue une chèvre violette et que j’aime les chèvres et la couleur violette.

... y'a plus qu'à se faire griller et recommencer !

Eh merde, encore coincée la chèvre.

Escape Goat, ça veut dire un truc comme « chèvre qui s’échappe », déformation de l’expression anglaise « scapegoat » que l’on pourrait traduire par « bouc émissaire » dans nos vertes contrées. Voilà qui résume tout: vous êtes une chèvre, emprisonnée injustement dans un donjon médiéval pour crime de sorcellerie. Pour en sortir, il va vous falloir libérer une bande de moutons disséminés dans des niveaux pleins de pièges mortels et de machineries compliquées et ouvrir tout un tas de portes en ramassant des clés. Un puzzle game des plus classiques dans le fond: on arrive dans une pièce par un point d’entrée, il faut récupérer X clés pour ouvrir la porte de sortie, et y’a des leviers et des boules de feu partout. Les puzzles sont salement bien pensés et, sans demander d’effort de réflexion excessif, requièrent un savant mélange de skill et d’observation pour être compris puis résolus. Les salles ont souvent tendance à changer de configuration rapidement, et n’attendent pas que vous vous décidiez à appuyer sur un bouton pour le faire! Quand les configurations en question impliquent moult scies circulaires, gouffres, spectres et chutes de rochers, ça devient amusant.

Et inversement.

Les salles sont souvent plus simples qu’il n’y paraît.

Le truc sympa en plus, c’est le mulot. Notre chèvre couleur Milka est accompagnée d’une petite gerboise magique (qui parle et tout) dont l’aide est indispensable pour progresser. On peut la jeter au plafond, l’envoyer activer des boutons autrement inaccessibles, la faire marcher à la verticale sur les murs, ou juste la poser sur un truc pour faire contrepoids. Comble de l’indispensable, un chapeau magique (mouih, tout est magique, après tout si on l’a mise au frais cette chèvre c’est pour cause de sorcellerie) permet de switcher de place avec la souris pour effectuer des tâches dont elle est incapable: le double saut, le coup de corne et le ramassage de clés sont en effet réservés à la chèvre, parce qu’il faut pas déconner non plus. Les puzzles n’en sont que plus complexes et ça, c’est bien parce que non seulement on se traîne des mécaniques de jeu solides pendant un moment, mais en plus elles se renouvellent sans cesse à chaque zone. On verra apparaître au fil des salles de la physique des poids, des tapis roulants, des explosifs, des blocs glissants, rien que du classique mis en valeur par une bonne vieille esthétique oldschool avec des gros pixels. Oui, bon, encore des gros pixels, que voulez vous c’est à la mode et ici ça s’y prête pas mal.

Une bande son sympa qui a l’air de nous dire « hé, partons à l’aventure ! » rythme le tout de façon bien agréable sans faire dans le 8 bits épileptique. Le jeu étant assez court, cette dernière n’a pas le temps de devenir répétitive (à moins que vous ne rejouiez les mêmes salles en boucle pendant deux heures, auquel cas vous êtes mauvais !) aussi, ne boudons pas notre plaisir et laissons le son allumé ! Saluons aussi la bonne idée qu’a eu le développeur de joindre un éditeur de niveaux user-friendly pour permettre aux joueurs d’ajouter leurs créations aux 50 salles de la campagne.

Ça ne fait plus aucun doute, les chèvres domineront bientôt le monde (et non les chats, comme certains esprits chagrins se plaisent à penser). Quelle chance avons nous face à ces êtres dotés de pouvoirs magiques, d’un intellect hors du commun, d’un leadership naturel et d’une capacité d’exécution du double saut tout à fait exceptionnelle ? Escape Goat nous prouve que même parquées dans une inexpugnable prison médiévale, elles s’en sortiraient plus fortes encore tout en ayant eu du fun du début à la fin.

On aime:

  • Les contrôles parfaitement calibrés: la chèvre obéit au doigt et à l’œil et se révèle être d’une maniabilité exemplaire !
  • Les puzzles, intelligents et bien tordus
  • L’ambiance médiévale de donjon sale
  • Y’a des moutons et des gerboises !

On râle sur:

  • Le manque d’originalité des visuels, sans personnalité alors que le jeu en a à revendre

On aime


On râle sur


Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.