par Doude le 27 avril 2012

Progress Quest

Jeu de rôle sans limite

Oh nom d’une chèvre pixelisée, je la tiens ma perle. Que dis-je une perle, un joyau incandescent aux mille reflets iridescents brillant d’un inextinguible feu intérieur, magique comme il se doit. Mais qu’est-ce qu’il tient donc, ce sacré Doude ? Rien de moins que, tenez-vous bien, le RPG ultime.

Date de sortie: un quelconque moment en 2001
Genre: RPG quantique
Plate-forme: PC, navigateur

Développeur: un certain Grumdrig

Bon, je me suis peut-être un tantinet emballé dans l’introduction. Disons que Progress Quest donne au concept de RPG, tel que nous l’entendons en occident, une dimension jusque là rarement atteinte. En plus c’est un freeware et il existe une version navigateur comme ça on s’emmerde pas à installer. C’est beau. Bref, un RPG consiste, rappelons-le, à faire vivre un personnage de fiction dans un monde fantasmé, voire imaginé de concert par un maître de jeu de chair et de sang et ses joueurs si l’on remonte aux origines. La première feature de Progress Quest est la création de personnage (logique, en fait) qui nous offre de jouer tout ce qu’on a toujours rêvé de jouer sans jamais oser le demander au Master lors de nos parties sur table – ou, pour les plus terre à terre, toutes ces races et classes que l’on a cherchées mais jamais trouvées dans un Elder Scrolls ou un Warcraft. Double Hobbit, Bas Elfe, Princesse Wookie ne sont plus une fiction, les races bâtardes les plus improbables sont là. Et oui, monsieur le ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, elles ont toutes des avantages conséquents en terme de jeu et se valent peu ou prou. Faites-vous plaisir à choisir ce qui vous plaît sans vous soucier des stats ou des compétences spéciales, le plus important ici, c’est de valoriser une pratique qui se perd alors qu’elle est au centre de tout RPG, je parle bien entendu du roleplay, de l’immersion, du véritable jeu de personnage.

Progress Quest

La Progress Sword est vraiment l'arme bourrine du jeu.

Les stats ? Roulées aléatoirement au dé. On s’en fout. L’équipement ? Vous allez en récupérer des tonnes sans jamais savoir de quoi il s’agit vraiment – ce sera à vous de lui donner un sens – et ça n’aura pas tant d’importance que ça. Terminée la course à l’optimisation, la compétitivité, vous voilà lâché dans un monde où tout est possible. Une fois les formalités de création remplies, cliquez sur « sold » (mot d’anglais du jargon rôliste pour désigner la validation d’une création de personnage) et ça y est, émotion: vous y êtes.

A partir de là, prenez une minute pour faire autre chose. Réduisez la fenêtre, allez faire une tarte aux pommes, sortez voir du vrai monde (ça vous fera du bien, espèce de geek) bref, occupez-vous. Oubliez le jeu. Pour une durée indéterminée. Oui, tout l’après-midi si vous voulez, toute la semaine s’il le faut. Oubliez complètement. Au bout d’un laps de temps indéterminé, vous en reviendrez à cliquer sur cette petit icône réduite dans la barre des tâches et là, surprise ! Vous vous souviendrez qu’à un moment, vous avez téléchargé Progress Quest et voulu y jouer, sans doute sur les conseils avisés d’un blogger dont le style enchanteur aura fait naître en vous l’envie de tester ce jeu dont il fît tant l’éloge. Ô joie ! Votre personnage a évolué ! Du moins, il a indubitablement progressé. Pendant tout ce temps où vous l’avez laissé livré à lui-même, le coquin (ou la coquine d’ailleurs) aura fait sa vie, parcouru des kilomètres de lande désertique ou de forêt giboyeuse, pourfendu moult trolls et secouru maint princesses. Il se peut aussi qu’il ait passé tout ce laps à glander à la taverne, qui sait, ou à faire du camping au pied d’une baudruche géante en forme de chimpanzé multicolore. Après tout, vous avez réduit la fenêtre et il n’y a aucun moyen d’en être certain. Nous vivons un tournant dans l’histoire de la narration et des loisirs vidéoludiques: Progress Quest est le tout premier jeu de l’histoire de l’humanité à mettre en pratique les théories de la physique quantique ! Votre personnage est là, vivant sa propre vie au côté d’autres personnages créés par d’autre gens dans le monde, sous votre nez et sans autre limite que celle de votre imagination. Quels haut faits a-t-il pu accomplir pendant que vous êtes sorti pour acheter du pain ? Quel artefact mystérieux a-t-il découvert pendant que vous étiez au bureau (menant votre vie morne et insignifiante de salarié ou d’intermittent aux prises avec les tristes réalités du monde de l’entreprise) ? C’est à vous de l’imaginer, ou de vous en foutre complètement. Aucune limite, vous dis-je.

Mais si, mais si je suis sûr qu'il y a des ours dans les Alpes.

L'une des rares limitations du jeu: on ne peut pas choisir la classe "Ours épéiste des Alpes".

Alors bien entendu, vous pouvez essayer de suivre cette progression, d’influer sur la destinée de votre chevaucheur d’oiseaux ou de Maître du Savoir des Runes, bref, de jouer. Mais ça ruinerait tout le plaisir du jeu aussi, de grâce ! N’en faites rien. Laissez la progression suivre son cours comme il se doit.

Tout emballé que j’étais, j’en ai oublié de vous parler de l’aspect visuel du monstre. Je ne vous mentirai pas, 2001 c’est loin et la 3D a mal vieilli mais, heureusement, les développeurs n’ont de cesse de faire des mises à jour pour pallier aux éventuels retards techniques et l’ensemble reste malgré tout très honnête et de bonne facture pour un production indépendante. Une petite mention à la bande-son, également, discrète mais en totale adéquation avec l’ambiance qui se dégage du jeu.

Pour jouer à Progress Quest, ça se passe ici !

Un grand merci à Ezhaac qui m’aura fait découvrir cette petite merveille par trop méconnue – la faute à l’absence de traduction en français sans doute – qui a su concilier développement de pointe et racines du jeu de rôle avec audace et brio. Je ne saurai que trop le recommander à ceux qui, comme moi, sont déçus par l’aspect répétitif et mécanique des RPGs d’aujourd’hui qui se bornent souvent à remplir des tâches une par une selon un schéma désespérément similaire et répéter ad nauseam autant que par la tournure que prend le jeu de rôle sur table, bête produit de consommation n’ayant pour but que l’avancement d’un personnage. Autant lâcher le pad et demander à la machine d’enchaîner les tâches et de ramasser l’XP à notre place…

Pardon, lectorat, pour tout ce nonsens :)

On aime:

  • Les classes de personnage de rêve
  • Les graphismes pleins de charme !
  • Un univers sans limite
  • Les bananes flambées avec du Nutella (parce que c’est bon)

On râle sur:

  • L’absence de sauvegarde lorsqu’on joue sur navigateur
La jolie image de paysage est une reproduction éhontément recadrée du tableau d’Asher Durand, le Coeur des Andes (1859)

Co-papa du blog, gribouilleur de profession et amateur de fromage, le Doude est un gamer au grand cœur qui a élevé le tourisme vidéoludique au rang d'Art. Troquant ses T-shirts d'obscurs groupes de Metal pour une chemise à fleurs, il parle à tous les PNJs, fait des screenshots des paysages juste parce que c'est beau et peut passer des heures à choisir quel pantalon mettre à son personnage pour qu'il soit assorti à son armure du Chaos +7.